Les huit États riverains de l'Arctique se sont entendus en décembre sur un projet de traité de coopération des secours dans ce vaste océan polaire de plus en plus fréquenté, a annoncé mercredi Ottawa, indiquant que la ratification officielle pourrait intervenir en mai.

«Des représentants des huit pays membres du Conseil de l'Arctique ont conclu le 16 décembre à Reykjavik (Islande) les négociations sur un accord pour la coopération des recherches et secours dans l'Arctique», a dit à l'AFP une porte-parole de la diplomatie canadienne, Laura Markle.

L'ébauche de projet sera «étudiée» par les ministres de ces États - Canada, Danemark, États-Unis, Finlande, Islande, Norvège, Russie et Suède - lors de la prochaine réunion ministérielle du Conseil de l'Arctique, qui aura lieu en mai à Nuuk, au Groenland, a-t-elle ajouté.

Il n'a pas été possible d'obtenir d'Ottawa d'avantage de détails sur le contenu de l'accord.

Selon un site gouvernemental islandais, arcticportal.org, le traité attribuera à chaque État une aire géographique dans laquelle il aurait la responsabilité des opérations de sauvetage.

«L'accord répond à la nouvelle réalité de l'Arctique où, en raison des changements climatiques, les possibilités de transport (aérien ou maritime, ndlr) se sont multipliées récemment et ne peuvent que continuer à augmenter dans les prochaines années», note arcticportal.org.

Le site islandais souligne que d'autres accords devraient suivre ce «traité historique», notamment dans le domaine de la pollution et des ressources naturelles.

Avec l'accélération de la fonte des glaces, l'Arctique ne cesse de gagner de l'intérêt aux yeux des groupes spécialisés dans le transport maritime et l'exploitation d'hydrocarbures, mais aussi des Etats riverains.

Les fonds marins de l'océan Arctique pourraient receler 13% des réserves de pétrole et 30% des réserves de gaz naturel non découvertes de la planète, selon l'agence américaine de recherche géologique.

Mais écologistes, Inuits et certains élus se sont régulièrement inquiétés des risques de catastrophe écologique et humaine que pourrait engendrer le naufrage d'un navire de commerce, d'un pétrolier, ou encore d'un bateau de croisière.

Grâce à ce traité, «des vies ne seront plus perdues en raison de la désorganisation» des pays de l'Arctique, par exemple à l'occasion de l'atterrissage d'urgence d'un vol entre l'Asie et l'Amérique, selon Michael Byers, expert de l'Arctique à l'Université de Colombie-Britannique.

De plus, l'accord «reflète le succès des efforts de l'administration Obama pour remettre à plat les relations (des États-Unis) avec la Russie», estime le chercheur.

Mais le spécialiste de droit international avertit : cela va coûter «des millions de dollars, voire des milliards» au Canada, qui va devoir consentir de lourds investissements pour tenir ses futurs engagements.

À la différence de la Russie qui dispose de plusieurs bases le long du passage du Nord-Est, le Canada ne possède en effet aucun port en eau profonde en Arctique. Et sa flotte de brise-glaces paraît modeste et inadaptée face à l'étendue à surveiller et protéger.

«Le Canada est le pire des pays de l'Arctique en matière d'équipement pour la recherche et les secours», tranche M. Byers, notant que les opérations de sauvetage dans le Grand Nord sont menées par des appareils basés dans le sud du Canada, «à des milliers de kilomètres de là».