À l'instar des conservateurs, qui ont annoncé la candidature de Larry Smith dans l'ouest de Montréal, les partis fédéraux font le plein de candidats-vedettes en vue de la prochaine campagne électorale.

L'automne a été l'occasion de voir quelques-uns de ces nouveaux visages dans le paysage politique canadien. Les conservateurs ont recruté l'ancien chef de police Julian Fantino, qui a remporté la circonscription de Vaughan, dans la région de Toronto, lors d'élections partielles.

Quelques semaines plus tard, le Parti libéral a lui aussi fait une prise de taille: le ministre du Travail de l'Ontario, Peter Fonseca, a annoncé qu'il serait candidat dans la circonscription de Mississauga East-Cooksville. Les libéraux espèrent ainsi empêcher les conservateurs de faire une percée dans la grande région de Toronto.

Comme des élections générales pourraient avoir lieu dès le printemps prochain, les partis politiques vont vraisemblablement multiplier les annonces du genre d'ici là.

Déjà, les rumeurs vont bon train. Ainsi, Danielle-Maude Gosselin, ancienne présidente du Syndicat de la fonction publique du Québec, pourrait être candidate bloquiste dans Lévis-Bellechasse, circonscription détenue par le député conservateur Steven Blaney.

Le Bloc québécois a fait plusieurs annonces au cours des derniers mois: Jacques Rivard a quitté le Parti vert pour chercher à reprendre Brossard-La Prairie à la députée libérale Alexandra Mendes, qui l'avait remporté de justesse en 2008, grâce à un dépouillement judiciaire.

Jean-Claude Rocheleau, ex-coprésident de l'aile québécoise du NPD et président du syndicat des employés de la raffinerie Shell de Montréal-Est, briguera l'investiture du Bloc dans la circonscription de La Pointe-de-l'Île.

Lord dans l'arène fédérale?

Par ailleurs, des sources ont confirmé à La Presse que des conservateurs influents tentent de convaincre l'ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick Bernard Lord de se présenter aux prochaines élections fédérales, sans doute dans la région de Moncton. On lui ferait valoir que, s'il veut remplacer Stephen Harper un jour à la tête du parti, il doit revenir sur la scène politique le plus tôt possible.

À Terre-Neuve, le premier ministre Dany Williams parti, le PC cherchera sans doute également à regagner le terrain perdu au profit des libéraux. Lors des dernières élections, M. Williams avait mené campagne contre les troupes de Stephen Harper, qui s'étaient vues privées de siège dans cette province qui en compte sept à la Chambre des communes.

Le Globe and Mail a évoqué récemment le fait que les conservateurs ont désigné 190 circonscriptions dans lesquelles ils croient en mesure de faire des gains aux prochaines élections. Plusieurs d'entre elles sont en Ontario. D'autres, à Terre-Neuve. Le PC détient actuellement 143 sièges aux Communes. Il ne lui en manque que 12 pour former un gouvernement majoritaire.

Le PC à Montréal

Le NPD a lui aussi des visées ambitieuses: un stratège néo-démocrate a confié à La Presse qu'il avait ciblé 20 circonscriptions «prenables». Un tel gain ferait passer à 56 le nombre de députés du NPD, un record pour la formation de Jack Layton. Pour y parvenir, il compte sur des candidats comme l'ancienne députée Peggy Nash, qui reprendra du service, et sur Lawrence Joseph, ancien grand chef de la Fédération des Nations indiennes de Saskatchewan.

À Montréal, les conservateurs comptent sur l'ancien footballeur et président des Alouettes de Montréal, Larry Smith, pour faire des gains dans l'électorat anglophone du Québec, traditionnellement acquis aux libéraux.

La circonscription dans laquelle il sera candidat a déjà été représentée par un progressiste-conservateur: le père de Jack Layton, Robert Layton, entre 1984 et 1993. Mais ses frontières ont changé depuis: la circonscription de Lachine-Lac-Saint-Louis est devenue Lac-Saint-Louis, représentée par le libéral Francis Scarpaleggia.

«Ça ne change pas mes priorités du tout», a dit M. Scarpaleggia à l'annonce de l'arrivée d'un candidat-vedette pour lui faire concurrence. «J'ai toujours été un politicien de terrain. J'ai dû gagner une investiture en 2004. M. Smith va devoir composer avec ça.»

Élections partielles

Mais avant les élections générales, les partis fédéraux pourraient bien croiser le fer lors d'élections partielles. Le premier ministre Stephen Harper devrait en effet annoncer trois élections complémentaires vers le début de 2011. Deux des trois circonscriptions en cause, l'une en Colombie-Britannique, détenue par Jay Hill, et l'autre en Alberta, représentée par Jim Prentice, pourraient bien rester conservatrices. Le NPD entend quand même livrer une chaude lutte dans Prince-George-Peace River grâce à Lois Boone, qui a représenté la circonscription de 1986 à 1991 à la législature de la Colombie-Britannique.

La troisième circonscription, Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia, au Québec, pourrait bien passer du Bloc québécois au Parti libéral. En 2008, l'ancienne députée libérale provinciale Nancy Charest était passée à quelques voix de la victoire. C'est finalement le bloquiste Jean-Yves Roy qui a été élu. Or, M. Roy a annoncé récemment qu'il démissionnait, et Mme Charest entend prendre sa revanche. Mais même les conservateurs ne lui concèdent pas la victoire. Le député Bernard Généreux, qui a remporté une victoire importante pour le PC dans Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup en novembre 2009, doit s'y rendre en janvier pour organiser la campagne.

- Avec Joël-Denis Bellavance