Les Canadiens sont prêts à se prononcer sur le bilan du gouvernement conservateur de Stephen Harper en 2011, et le Parti libéral est maintenant prêt à leur offrir une solution de rechange au Parti conservateur, a dit Michael Ignatieff dans une entrevue accordée jeudi à La Presse.



Michael Ignatieff a dit avoir fait ce constat à la suite de la longue tournée en autocar qu'il a faite au pays l'été dernier et après avoir rencontré de nombreux Canadiens durant sa tournée à micro ouvert cet automne.

Avec ces propos, le chef libéral augmente considérablement les probabilités que les Canadiens soient convoqués aux urnes au printemps. Dans le passé, le Parti libéral est venu à la rescousse du gouvernement minoritaire de Stephen Harper durant les votes de confiance à la Chambre des communes, notamment à l'occasion des votes sur le budget du ministre des Finances, Jim Flaherty.

En 2011, la situation sera différente, selon M. Ignatieff.

Si le Bloc québécois et le NPD arrivent à la même conclusion que M. Ignatieff, le gouvernement Harper sera défait dès que la Chambre des communes sera saisie d'un vote de confiance sur un nouveau discours du Trône ou sur le budget, en février ou en mars. Dans un tel cas, des élections générales auront lieu cinq semaines plus tard, vraisemblablement en avril. Il s'agirait alors du quatrième scrutin national en sept ans - le dernier a eu lieu en octobre 2008.

L'enjeu: les impôts

Michael Ignatieff estime que les Canadiens auront un choix des plus clairs aux prochaines élections: le gouvernement conservateur et les nouvelles réductions d'impôts qu'il offrira aux grandes entreprises en 2011 et en 2012, ou le Parti libéral, qui propose d'annuler ces baisses d'impôts pour investir dans des programmes sociaux comme la nouvelle prestation d'assurance emploi pour les personnes qui prennent soin d'un proche malade à la maison.

«Je suis prêt à me battre. Je crois que les Canadiens en ont assez du gouvernement Harper, surtout au Québec. Je l'ai senti en 2010, ce qui n'était pas le cas en 2009. Je ne dis pas cela avec arrogance. J'ai encore du travail à faire, j'ai encore du chemin à faire, mais je crois que les Canadiens, et surtout les Québécois, cherchent une solution de rechange au gouvernement Harper.»

En campagne électorale, M. Ignatieff fera valoir que la seule façon de mettre fin au règne conservateur est d'appuyer un candidat libéral. «Si vous votez pour Gilles Duceppe, ou Jack Layton ou Elizabeth May, vous aurez quatre autres années de Stephen Harper», a-t-il dit.

Engagements

Le chef libéral, qui a déjà révélé certains des engagements importants de son parti, promet que son programme sera chiffré et responsable: «Tout sera chiffré. On ne va pas faire 20 promesses. Il y en aura trois ou quatre au maximum. On va savoir exactement d'où va venir l'argent. Et on ne va pas alourdir le déficit. On ne va pas alourdir le fardeau fiscal des familles non plus.»

M. Ignatieff a accusé le gouvernement Harper de chercher constamment à diviser les Canadiens sur une foule de dossiers afin de s'accrocher au pouvoir. Il estime aussi que le gouvernement conservateur néglige la classe moyenne, qui se sent de plus en plus étranglée depuis la crise économique.

«Les conservateurs veulent donner des cadeaux aux grandes entreprises. Nous pensons qu'il faut miser sur le soutien à la classe moyenne. Cela veut dire du soutien aux garderies, à l'éducation postsecondaire, aux aidants naturels, et une réforme des pensions. Bien sûr, on ne peut pas accomplir tout cela sans l'aide des provinces, mais il faut un plan pancanadien pour soutenir la classe moyenne.»