Les municipalités auront sept mois de plus pour terminer leurs projets d'infrastructures et profiter du financement du fédéral, a annoncé le premier ministre Stephen Harper jeudi. Une nouvelle qui tombe à point pour les villes qui craignaient de manquer de temps.

Accompagné de son ministre des Infrastructures, Chuck Strahl, et de son ministre de l'Industrie, Tony Clement, M. Harper a confirmé aux villes du pays qu'elles bénéficieraient d'un délai supplémentaire.

L'annonce du fédéral vient soulager les municipalités qui disaient manquer de temps pour terminer leurs travaux d'infrastructure avant la date butoir qu'Ottawa avait fixée au 31 mars.

Si quelque 90% des projets seraient en voie d'être terminés d'ici là, l'arrivée de l'hiver a néanmoins grandement ralenti les chantiers partout au pays.

Les villes pourront donc désormais profiter du printemps et de l'été pour mener à terme leurs travaux, puisque le premier ministre, qui se trouvait à Mississauga, en Ontario, a annoncé que les villes auront maintenant jusqu'au 31 octobre.

«Nous avons, dans une large mesure, atteint nos objectifs», s'est réjoui le premier ministre Harper, en vantant son Plan d'action économique.

«Cependant, malgré les plus grands efforts de ceux concernés, ce ne sont pas tous les projets qui risquent d'être complétés d'ici le 31 mars. (...) Heureusement, nous ne parlons pas d'une importante part des projets ou de délais généralisés», a-t-il noté, en point de presse.

M. Harper a noté que quelque 23 000 projets étaient terminés ou en voie de l'être. Mais pour les autres, Ottawa accordera une saison complète de construction aux municipalités pour compléter les travaux entrepris et dont la construction a déjà été approuvée en vertu du Plan d'action économique du fédéral.

«Il n'y a pas de mal à permettre le prolongement d'un point de vue économique», a souligné le premier ministre, qui a dit faire preuve d'un «optimisme prudent» quant à la reprise économique, qui demeure fragile au pays comme à l'étranger.

Les municipalités canadiennes réclamaient une telle marge de manoeuvre depuis des mois. L'annonce du premier ministre a donc été accueillie avec soulagement par les différentes associations les représentant.

«C'est un délai qui est satisfaisant», s'est réjouit le président de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), Éric Forest, qui a expliqué, en entrevue téléphonique, que les villes étaient coincées depuis l'arrivée de l'hiver. Le délai du 31 mars ne leur laissait pas grand temps pour reprendre les travaux et les terminer à temps.

«Donc il est clair que là, le 31 octobre, ça nous permet vraiment d'être en mesure de profiter de toute une saison complète», a-t-il noté.

Ces soupirs de soulagement sont partagés par la Fédération canadienne des municipalités (FCM) et son homologue québécoise, la FQM, qui a fait valoir, par voie de communiqué, que le délai supplémentaire allait permettre de «transformer tous les dollars du plan de relance en emplois».

En matinée, jeudi, le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, avait prévenu, dans un rapport, que quelque 300 millions de dollars du programme d'infrastructures de 12 milliards d'Ottawa risquaient de ne pas être dépensés si le fédéral ne repoussait pas sa date butoir.

M. Page avait en outre commandé un sondage auprès des municipalités portant sur la création d'emplois qu'a permis le Plan d'action économique. Les résultats, publiés mercredi, ont indiqué que, contrairement aux mérites vantés par Ottawa, seulement 21% des villes auraient vu le nombre d'emplois croître grâce au programme d'infrastructures.

Le premier ministre a cependant rejeté ces informations, jeudi, en arguant que ce rapport «manque manifestement de crédibilité».

Le gouvernement fédéral avait déjà indiqué que les municipalités pourraient récolter la part de financement qui correspond à la partie d'un projet qui sera complétée au moment de la fin du programme.

Mais plus récemment le ministre Strahl avait laissé entendre que la date butoir tant dénoncée par les municipalités pourrait être repoussée.

Au Québec, environ 240 projets étaient menacés, selon le gouvernement provincial. Et l'Ontario avait, à son tour, réclamé un délai au gouvernement fédéral, la semaine dernière.

Malgré le nombre important de projets qui risquaient de ne pouvoir être terminés dans la Belle Province, la part de financement du fédéral qui aurait été allouée en date du 31 mars était sensiblement la même qu'ailleurs au pays, se chiffrant à environ 90% de l'enveloppe totale disponible.

Le Québec compte davantage de projets, et de petites municipalités, mais la somme monétaire était la même -le Québec craignant devoir renoncer à quelque 100 millions du milliard de dollars proposé.