Un lobbying efficace au parlement pourrait avoir causé l'échec d'un projet de loi controversé sur les mines, qui a été rejeté par quelques voix seulement à la Chambre des communes.

Les documents déposés auprès du commissaire au lobbying révèlent que 9 des 24 députés qui se sont absentés lors du vote ont été approchés par des membres de l'industrie minière.

À sa lecture finale le 27 octobre, les députés ont voté 140 à 134 contre le projet de loi d'initiative parlementaire déposé par le député libéral John McKay.

Le projet de loi aurait forcé les ministres des Affaires étrangères et du Commerce international à soumettre des rapports annuels aux Communes et au Sénat sur les sociétés minières, pétrolières et gazières.

Ainsi, les ministres auraient eu à examiner les plaintes du public pour déterminer si les entreprises avaient enfreint des normes sociales, environnementales, sanitaires ou touchant les droits humains.

Les neufs députés absents qui ont été approchés par des lobbyistes de l'industrie minière sont les libéraux Scott Andrews, Scott Brison, Martha Hall Findlay, Keith Martin, John McCallum, Geoff Regan et Anthony Rota ainsi que les néo-démocrates Charlie Angus et Bruce Hyer.

Quinze autres libéraux, néo-démocrates, bloquistes et députés indépendants n'étaient pas présents lors du vote mais les registres démontrent qu'ils n'ont pas rencontré des représentants de l'industrie minière.

Tous les députés conservateurs, sauf un seul, ont voté contre le projet de loi. L'ancien ministre de l'Environnement, Jim Prentice, a quant à lui manqué le vote mais il était en route vers la Chine pour entreprendre des négociations commerciales.

Martha Hall Findlay a affirmé qu'elle s'était opposée au projet de loi en raison de ses connaissances du droit international et du milieu des affaires. «Ma position était depuis longtemps décidée avant que l'on m'approche à ce sujet», a-t-elle assuré en entrevue.

Elle rejette par ailleurs toute idée voulant que les lobbyistes soient à l'origine du rejet du projet de loi. Selon elle, ses partisans ont aussi été nombreux à ne pas ménager leurs efforts, et même si cela n'apparaît pas dans le registre du lobbying.

«Ce n'est pas une question de lobbying exercé par les compagnies minières. Il y a eu énormément de lobbying de fait de l'autre côté», a soutenu Mme Hall Findlay. Geoff Regan partage également son avis, affirmant que son idée était faite bien avant de parler avec des représentants de l'industrie.

Selon le dépositaire du projet de loi, John McKay, les lobbyistes étaient si nombreux dans les couloirs du parlement qu'il était pratiquement impossible de ne pas faire deux pas sans en rencontrer un. Il affirme ne pas avoir su convaincre ses collègues libéraux de voter en faveur du projet, affirmant que ceux-ci ont plutôt succombé aux pressions en provenance d'industries minières locales dans leurs circonscriptions.

Ainsi, selon les registres, les lobbyistes se sont livrés à une campagne de séduction sur la Colline parlementaire plusieurs jours, voire plusieurs semaines avant le vote du mois d'octobre. Toujours selon les livres, les députés ont été approchés par les compagnies et organismes suivants: Prospectors and Developers Association of Canada, Goldcorp Vale Canada, Iamgold, l'Association minière du Canada, Stillwater Mining Company et Xstrata Nickel.

Le groupe Mine Alerte Canada a également fait pression auprès des députés.