Le ministre de l'Environnement, Jim Prentice, a annoncé jeudi qu'il quitte le monde politique pour celui des affaires. À partir du mois de janvier prochain, il sera vice-président du conseil de la Banque CIBC.



L'annonce n'était pas encore faite, en après-midi, que déjà la théorie circulait sur la colline parlementaire: Jim Prentice, vu comme un successeur potentiel de Stephen Harper à la tête du Parti conservateur, se retire pour mieux revenir.

Mais, dans une entrevue avec La Presse, l'avocat de la région de Calgary a tenu à mettre fin aux rumeurs: «J'ai terminé ma carrière de politicien, a-t-il dit d'un ton sans équivoque. Quand j'ai commencé, j'ai dit que ce serait pour 8, 10 ans. Maintenant, cela fait 9 ans et c'est terminé. J'entreprends une nouvelle carrière dans le secteur privé.»

M. Prentice a fait l'annonce de son départ lors d'un bref discours à la Chambre des communes, après la période des questions. Il a expliqué qu'il avait auparavant rencontré le commissaire à l'éthique pour s'assurer que tout était en règle.

Sa démission du Conseil des ministres est entrée immédiatement en vigueur, mais il restera député jusqu'à la fin de l'année, a-t-il précisé.

C'est John Baird, actuel leader du gouvernement à la Chambre des communes, qui assurera l'intérim à l'Environnement, un poste qu'il a déjà occupé.

Louanges et critiques

Élu député en 2004, Jim Prentice a dirigé trois ministères depuis l'accession de son parti au pouvoir, en 2006: Affaires indiennes, Industrie et Environnement. Il a aussi été à la tête des puissants comités des opérations du Conseil des ministres et de la planification du Bureau du Conseil privé.

Stephen Harper a salué son ex-ministre, qui a, a-t-il dit, agi comme un véritable dirigeant d'entreprise dans le cadre de ses fonctions gouvernementales. Il a aussi rappelé que ce dernier lui avait cédé sa place lors d'une élection partielle à Calgary afin qu'il puisse accéder au poste de chef de l'opposition.

Contrairement au premier ministre, Jim Prentice est issu de la branche progressiste-conservatrice de l'actuel Parti conservateur. En 2003, il s'était porté candidat à la direction de la défunte formation. Il avait terminé quatrième, après Peter MacKay, qui avait par la suite accepté de joindre ses forces à celles de l'Alliance canadienne.

«C'est un homme de principes, a dit le leader de l'opposition officielle à la Chambre des communes, David McGuinty. J'ai appris à l'apprécier énormément en tant que personne. La plupart d'entre nous, de ce côté-ci de la Chambre, aimeraient lui offrir leurs meilleurs voeux.»

Hier, plusieurs partageaient l'opinion du député libéral. Mais, comme il fallait s'y attendre, nombreux aussi ont été ceux qui ont critiqué son bilan, plus particulièrement son passage à la tête d'un ministère hautement impopulaire sous le règne conservateur.

«Comme ministre de l'Environnement, il ne laisse pas un héritage très, très brillant, a dit le député du Bloc québécois Pierre Paquette. Le fait qu'il se retrouve immédiatement dans le secteur bancaire montre son intérêt pour l'environnement.»

Le groupe Équiterre le considère comme le ministre le moins fermé face aux enjeux environnementaux depuis l'arrivée au pouvoir du Parti conservateur.

«Malgré tout, Équiterre considère que le ministre Prentice n'est pas arrivé à mettre en place les mesures nécessaires pour diriger le Canada sur la bonne voie, notamment en matière de lutte contre les changements climatiques», a déclaré l'organisme dans un communiqué.

* * *

QUI EST JIM PRENTICE?

Né en juillet 1956 dans le nord de l'Ontario

> Se joint au Parti progressiste conservateur du Canada en 1976

> Avocat de profession, spécialiste en droit de la propriété

> Participe à la course à la direction du PPCC en 2003, battu par Peter MacKay

> Élu trois fois à la Chambre des communes (en 2004, 2006 et 2008) dans CalgaryCentre-Nord

> Il a été successivement ministre des Affaires indiennes, de l'Industrie et de l'Environnement et pilotait le dossier de la lutte contre les changements climatiques depuis 2008.