Le gouvernement conservateur se targue d'être un grand défenseur des deux langues officielles, mais sa position quant au bilinguisme des juges de la Cour suprême indique le contraire, selon un député néo-démocrate.

D'autant plus que Pierre Poilievre, le secrétaire parlementaire du premier ministre, a lui-même envoyé un «dix-pour-cent» - ces dépliants que peuvent envoyer les députés aux citoyens - pour dénoncer le projet de loi du néo-démocrate Yvon Godin.

Le député du NPD a mis la main sur un dépliant envoyé par le secrétaire parlementaire de Stephen Harper, qui indique sa position sur son projet de loi C-232, qui vise à exiger que les juges de la Cour suprême soient bilingues.

M. Poilievre y fait valoir, à l'instar des propos tenus par ses collègues du gouvernement, que la proposition de M. Godin limiterait le bassin de candidats qualifiés et que le tribunal peut déjà mener ses activités dans les deux langues officielles.

M. Godin s'est dit indigné, en comité parlementaire jeudi matin, de voir le secrétaire parlementaire de M. Harper s'opposer à l'application de la Loi sur les langues officielles. Et il a tenté de rallier le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, à sa cause.

Venu témoigner au comité des langues officielles, M. Fraser s'est cependant abstenu de commenter le dépliant, arguant qu'il n'avait pas de pouvoir de juridiction sur les envois des députés.

Mais pressé de questions par M. Godin, qui insistait pour savoir si le commissaire trouvait «normal» qu'un membre du gouvernement ait agi de la sorte, Graham Fraser a finalement répondu qu'il trouvait cela «inquiétant».

Le commissaire aux langues officielles a indiqué aux membres du comité qu'il avait lui-même déposé un rapport au ministère de la Justice, portant sur le nombre de juges au pays capables de comprendre et d'entendre une cause dans une deuxième langue. Il s'est dit «favorablement impressionné par les chiffres dans ce rapport».

Yvon Godin a dit y voir la preuve que les arguments des conservateurs à l'effet que la Cour suprême n'aurait plus autant de candidats juristes ne tiennent pas la route.

Les troupes de Stephen Harper font plutôt de la politique pour séduire leur électorat de l'Ouest, selon lui, et pour empêcher l'avancement des langues officielles.