Le revers sans précédent du Canada devant l'ONU, la semaine dernière, est revenu hanter le gouvernement de Stephen Harper, hier, au retour d'une semaine de relâche parlementaire qui a été particulièrement éprouvante pour les troupes conservatrices.

Les trois partis de l'opposition ont tiré à boulets rouges sur le gouvernement, à la Chambre des communes. Ils lui ont reproché d'avoir négligé la politique étrangère du Canada à un point tel que c'est ce qui l'a fait échouer à obtenir un siège au Conseil de sécurité de l'ONU, mardi dernier.

«Au lieu de blâmer le chef de l'opposition officielle, au lieu de blâmer les membres de l'Assemblée générale de l'ONU, au lieu de dire qu'une position au Conseil de sécurité n'est pas importante, quand le gouvernement conservateur prendra-t-il la responsabilité pour une défaite importante pour le Canada et pour notre réputation dans le monde?» a lancé le critique en matière d'affaires étrangères du Parti libéral, Bob Rae.

C'est le leader conservateur en Chambre, John Baird, qui a essuyé les tirs groupés, répétant que le gouvernement était «très fier» de sa politique étrangère «basée sur des principes» et qu'il n'avait absolument «rien à se reprocher». «Notre gouvernement prend ses décisions en fonction de ce qui est juste, pas de ce qui est populaire», a souligné M. Baird.

Tirs de l'opposition

L'opposition ne s'est pas fait prier pour faire la liste des décisions qui, selon elle, ont déplu à la communauté internationale, voire causé ce revers diplomatique: l'obstruction dans les négociations sur les changements climatiques à Copenhague, le gel de l'aide internationale et la redistribution des enveloppes actuelles de certains pays d'Afrique vers l'Amérique, les relations difficiles avec la Chine, le dossier d'Omar Khadr à Guantánamo...

«Depuis quand l'incompétence est-elle une question de principe? a dit M. Rae. C'est ça qui est en cause, ici. Nous faisons face à de l'incompétence pure et simple. Quand on y ajoute de l'idéologie et de la négligence, c'est ce qu'on obtient. Ça n'a rien à voir avec des principes.»

Selon le chef adjoint du NPD, Thomas Mulcair, l'échec à obtenir un siège au Conseil de sécurité démontre que le Canada «est en train de perdre beaucoup de galon à l'international».

«Le Canada que les conservateurs ont créé en cinq ans est méconnaissable par rapport au pays ouvert sur le monde, avec une approche équilibrée en matière de politiques étrangères qu'on a bâti depuis la Seconde Guerre mondiale, a dit M. Mulcair. C'est un Canada que le monde ne reconnaît plus. Nous, on sait ce qui se passe ici depuis cinq ans, mais le reste du monde est maintenant en mesure de prendre le pouls et de se rendre compte que ce n'est pas un pays qui méritait la confiance.»

Selon lui, le premier ministre Harper s'entête à prétendre qu'il a raison et que tous les autres membres de la communauté internationale ont tort.

«Le bilan du gouvernement canadien n'est guère reluisant en ce qui a trait au respect des priorités des Nations unies», a ajouté le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, mentionnant au passage l'environnement, la lutte contre la pauvreté, mais aussi les droits des autochtones, avec le refus de Stephen Harper de signer la déclaration de l'ONU dans ce dossier.

C'était la première fois de son histoire, la semaine dernière, que le Canada échouait à obtenir un siège temporaire au Conseil de sécurité de l'ONU. Les membres de l'Assemblée générale lui ont préféré l'Allemagne et le Portugal.