Le ministre Christian Paradis a tenté à nouveau lundi d'esquiver les attaques de l'opposition au sujet de possibles liens entre l'octroi de contrats gouvernementaux et des dons au Parti conservateur par des entrepreneurs.

Alors que le ministre continuait de nier avoir discuté de contrats gouvernementaux lors d'un cocktail de financement pour son parti en 2009, il a été révélé la semaine dernière que l'entrepreneur en construction Joseph Broccolini l'avait approché lors de cette soirée pour lui faire part de ses doléances quant au processus d'attribution des contrats fédéraux.

L'entreprise de M. Broccolini aurait par la suite obtenu des contrats du gouvernement Harper d'une valeur de quelque 600 millions $.

À la Chambre des communes lundi, le ministre Paradis a répliqué que le fait d'écouter un entrepreneur se plaindre et de le référer au ministère des Travaux publics pour ses questions ne constitue pas «une discussion» sur des contrats gouvernementaux.

M. Paradis avait auparavant dû se défendre d'avoir discuté lors de ce même cocktail d'un contrat de 9 millions $ qui avait été attribué à l'entreprise LM Sauvé, retenue pour rénover un édifice parlementaire.

Le ministre avait admis avoir félicité - et pas plus - le président de cette entreprise, après que celui-ci l'eut affirmé.

«Si le fait de féliciter quelqu'un parce qu'il fait affaire avec le gouvernement fédéral ou si encore si le fait qu'on réfère une personne au ministère parce que cette dernière a posé des questions sur un processus d'appel d'offres, ce n'est pas une discussion de contrat», a-t-il lancé lundi en Chambre, niant toute irrégularité dans l'octroi de ce contrat.

L'opposition est loin d'être convaincue et réclame la démission de M. Paradis depuis la semaine dernière.

«Comment les Canadiens peuvent-ils croire ce ministre après qu'il eut changé sa version des faits trois fois?», s'est indigné le député libéral Marcel Proulx.

«Qu'est-ce que cela va prendre?, a-t-il demandé lundi en Chambre.

Le ministre va passer à travers combien de versions avant qu'ils ne le tirent de sa misère et ne le mettent à la porte?»

Le Nouveau parti démocratique (NPD) a aussi attaqué Christian Paradis lors de la période des questions. Il allègue que le ministre aurait fait nommer son ex-organisateur de campagne, Jason Downey, comme membre du Tribunal canadien du commerce extérieur.

Selon le NDP, le hic est que Joseph Broccolini aurait porté plainte à ce même tribunal lorsque sa soumission sur un projet du gouvernement aurait été rejetée. M. Broccolini l'aurait ensuite obtenu lorsque le processus a été relancé.

Une apparence de conflit d'intérêt, plaident les néo-démocrates.

M. Paradis n'a pas répondu à ces nouvelles allégations.

Le gouvernement non plus, mais il continue de défendre M. Paradis.

«Le ministre a agi de façon complètement appropriée», a répété en Chambre le leader parlementaire du gouvernement, John Baird.

Quant à M. Paradis, il ne donne aucun signe qu'il a l'intention de démissionner, malgré des demandes répétées des députés.

Mais l'opposition n'en démords pas et promet de maintenir la pression.

«Moi j'ai connu Monsieur Gagliano (l'ex-député libéral Alfonso Gagliano, impliqué dans le scandale des commandites) et ça a duré quelques années, mais on a gagné. (...) On a déjà posé 350 questions du genre sur les commandites. Ce n'est qu'un début », a rappelé le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe.

Christian Paradis avait été l'invité d'honneur d'un cocktail de financement organisé dans la circonscription montréalaise de Bourassa en janvier 2009.

C'est l'entrepreneur en construction Paul Sauvé qui l'avait organisé quelques mois après avoir obtenu le contrat du gouvernement.

M. Sauvé a soutenu que deux proches du Parti conservateur lui avaient suggéré d'organiser ledit cocktail.

M. Paradis était ministre des Travaux publics au moment de cette activité de financement mais pas lorsque le contrat avait été accordé à LM Sauvé.

Mardi, le Bloc québécois va déposer une motion devant un comité parlementaire pour qu'il se penche sur le processus d'attribution des contrats par le gouvernement Harper.

Les députés devront voter pour donner un tel mandat au comité et déterminer, s'il y a lieu, la liste de témoins qui seront entendus.

La Gendarmerie royale du Canada a aussi ouvert une enquête sur les circonstances ayant entouré l'attribution du contrat de neuf millions $ à LM Sauvé.