Ottawa a annoncé hier des investissements de 155 millions de dollars pour agrandir des prisons existantes au Québec et en Ontario. La somme s'ajoute aux 120 millions annoncés depuis quelques semaines ailleurs au pays, pour un total de 275 millions.

Mais les investissements dans des espaces carcéraux additionnels rendus nécessaires par le durcissement de la justice criminelle par le gouvernement Harper ne s'arrêteront pas là: plusieurs milliards seront encore dépensés pour enfermer plus de délinquants, plus longtemps.

Il y a quelques mois, le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a déclaré qu'une seule nouvelle loi entraînerait des dépenses supplémentaires de 2,1 milliards sur cinq ans. Il s'agit de la loi sur l'adéquation de la peine et du crime, qui a été adoptée en octobre dernier, et qui réduit l'importance du temps passé en détention avant le procès au moment de déterminer la peine de prison d'un délinquant.

L'été dernier, le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, a contredit ces chiffres. Selon lui, le coût de cet ex-projet de loi C-25 pourrait atteindre les 10 milliards de dollars sur cinq ans, partagé entre les provinces et le fédéral. Mais le ministre Toews a toujours nié cette évaluation.

L'annonce d'hier portait notamment sur l'agrandissement du Centre fédéral de formation et des établissements Montée Saint-François et de Sainte-Anne-des Plaines. On compte y ajouter 196 nouvelles places. En y additionnant les 288 annoncées simultanément pour trois pénitenciers en Ontario et les 675 déjà annoncées ailleurs au Canada dans les dernières semaines, on arrive à un total de 1159. En tout, Ottawa a pour objectif d'en ajouter 2700 à l'échelle canadienne.

Le ministre Toews refuse cependant de parler de construction de nouvelles prisons: encore une fois, toutes les nouvelles places viendront de l'agrandissement d'établissements existants.