Aucun employé du gouvernement fédéral n'est impliqué dans une enquête de la GRC concernant l'attribution d'un contrat de réfection du parlement à une entreprise de construction montréalaise, affirme le premier ministre Stephen Harper.

Le gouvernement conservateur a dû se défendre, hier, à la suite d'une enquête de Radio-Canada et du Globe and Mail. Les deux médias ont rapporté que l'entreprise LM Sauvé aurait eu recours à un lobbyiste non enregistré, entre 2007 et 2009, pour l'aider à obtenir un contrat de 9 millions de dollars auprès du ministère des Travaux publics.

Le contrat en question a été accordé en mai 2008. L'entreprise de l'homme d'affaires Paul Sauvé a été chargée de faire des travaux de réfection sur l'édifice de l'Ouest du parlement. Cet immeuble loge des bureaux de députés, des salles de comité et une cafétéria. LM Sauvé a perdu le contrat après avoir déclaré faillite, en 2009.

Selon des documents internes de l'entreprise, celle-ci aurait payé 140 000$ à un partisan conservateur de longue date, Gilles Varin, pour qu'il fasse des démarches auprès de connaissances à Ottawa.

Or, Gilles Varin n'était pas un lobbyiste enregistré. Il n'a pas non plus, comme l'exige la loi, fait rapport de ses démarches auprès de titulaires de charges publiques.

Pourtant, M. Varin aurait joint un adjoint du sénateur Pierre-Claude Nolin, Hubert Pichet, pour lui demander de le diriger vers les bonnes personnes. Dans une déclaration écrite, M. Pichet a expliqué que cette rencontre «fortuite» avait eu lieu au restaurant le Mas des Oliviers, une destination populaire parmi les conservateurs de Montréal, et que sa «seule implication fut de dire à M. Varin de contacter le personnel politique du bureau du ministre pour obtenir les renseignements».

M. Varin aurait aussi mangé avec Bernard Côté, adjoint du ministre des Travaux publics de l'époque, Michael Fortier, au même restaurant. Mais M. Côté a affirmé au Globe and Mail qu'il ne l'avait pas aidé.

Cocktail organisé par Sauvé

Les partis de l'opposition ont réclamé des explications au gouvernement, hier. Au cours de la période de questions, le Parti libéral est allé jusqu'à réclamer la démission de Christian Paradis, qui a été ministre des Travaux publics de juin 2008 à janvier 2010.

Quelques mois après l'attribution du contrat, soit en janvier 2009, M. Paradis aurait participé à une activité de financement à Montréal, où se trouvait également Gilles Varin. Cette activité avait été organisée par Paul Sauvé, qui a expliqué au quotidien torontois qu'il croyait «que c'était la chose à faire» après avoir reçu un contrat.

«En aucun temps, il n'a été discuté d'affaires ministérielles, s'est défendu l'actuel ministre des Ressources naturelles. C'était une assemblée purement de financement.»

Le chef adjoint du NPD, Thomas Muclair, a quant à lui rappelé ce qu'il a désigné comme étant le «passé lourd de corruption» de Gilles Varin: «En 1977, il a obtenu cinq condamnations au criminel pour corruption et abus de confiance. En 1993, il s'est fait prendre en train de faire du lobbying illégal auprès du gouvernement conservateur», a-t-il lancé.

«Avec son passé lourd de corruption, lorsque M. Varin est revenu cogner à la porte des conservateurs, pourquoi la lui ont-ils ouverte toute grande au lieu de la lui claquer au nez? Est-ce parce qu'il est toujours organisateur conservateur?» a demandé M. Mulcair.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, est à son tour sorti de la période de questions en exhibant une photo du sénateur Pierre-Claude Nolin et de Gilles Varin côte à côte.

Le gouvernement Harper s'est défendu en martelant les deux mêmes phrases toute la journée: «Aucun membre de ce gouvernement ne fait l'objet d'une enquête de la GRC, a déclaré Stephen Harper. Si certains entrepreneurs ont enfreint la loi, nous avons des règles et ils vont faire face à toute la force de la loi.»

Gilles Varin n'a pas appelé La Presse.