Si le gouvernement conservateur est conséquent avec le principe qu'il a lui-même vanté au printemps dernier, de responsabilité ministérielle, le ministre Christian Paradis devrait démissionner sur-le-champ, estiment les trois partis de l'opposition à Ottawa.

Les actions posées par un adjoint de M. Paradis, Sébastien Togneri, qui est intervenu à plusieurs reprises dans des demandes d'accès à l'information - ce qui pourrait s'avérer illégal -, justifient selon eux que le ministre des Ressources naturelles quitte ses fonctions.

«Il leur faut choisir, a estimé hier la députée libérale Marlene Jennings. Soit ils sont responsables lorsqu'il y a des actes répréhensibles, y compris de la part d'un adjoint, et ils accusent le coup, soit ils laissent les employés venir s'expliquer devant les comités.»

En mai, M. Togneri avait comparu devant un comité de la Chambre des communes pour avoir bloqué la divulgation de renseignements, en vertu de la loi sur l'accès à l'information, lorsque M. Paradis était ministre des Travaux publics. L'adjoint avait alors affirmé qu'il s'agissait d'un cas isolé. Jeudi soir, M. Togneri a remis sa démission, après que La Presse Canadienne eut révélé qu'il était intervenu à plusieurs reprises (au moins quatre fois) dans des demandes d'accès à l'information.

Or, entre les deux événements, le premier ministre Stephen Harper avait fait publier une directive, à la fin mai, stipulant qu'en vertu du principe de responsabilité ministérielle, les ministres, étant responsables des actions de leurs employés, comparaîtraient en comités à la place de leurs adjoints.

«Si c'est eux qui sont responsables des actes de leurs subordonnés, ils doivent en subir les conséquences et dans ce cas-ci je pense qu'il y a des circonstances aggravantes pour M. Paradis parce que ce n'est pas un cas, c'est quatre cas au moins qui sont connus», a souligné le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette.

Selon lui, que M. Paradis ait été au courant ou non des actions de M. Togneri ne change rien au fait qu'il doit démissionner.

Bombardé de questions en Chambre, le ministre Paradis a répété inlassablement avoir demandé à l'actuelle ministre des Travaux publics de transférer le dossier à la commissaire à l'information, qui enquête déjà sur la première allégation d'obstruction. «Hier soir, M. Togneri m'a offert sa démission. Je l'ai acceptée. M. Togneri n'est plus à l'emploi de mon cabinet», s'est contenté de répondre M. Paradis, actuellement ministre des Ressources naturelles et lieutenant politique pour le Québec.

Pour sa part, la députée libérale de Notre-Dame-de-Grâce-Lachine pense «que la commissaire devrait enquêter sur tous les ministères du gouvernement afin de déterminer si cette violation est systémique».