Professeur émérite et père de cinq filles, le nouveau gouverneur général, David Johnston, fera de l'éducation et de la famille les priorités de son mandat à Rideau Hall.

M. Johnston, qui est entré officiellement en poste vendredi, a choisi, pour sa cérémonie d'installation, le thème de l'«appel au service».

Celui qui a consacré sa vie à sa communauté, sa famille et ses étudiants, a fait valoir, dans son premier discours à titre de gouverneur général, que «le service à la patrie nous a modelés, le service à la famille et à la collectivité nous épaule, et cette tradition de service nous mènera vers l'avenir».

Car dans son allocution d'une vingtaine de minutes, le 28e gouverneur général a justement choisi de se tourner vers le futur et le rôle qu'aura le Canada dans le monde au moment du 150e anniversaire du pays, en 2017.

«Selon moi, mon rôle consiste à rassembler les gens de tous les âges et de toutes les origines pour édifier une nation éclairée et bienveillante, une nation qui sera une source d'inspiration non seulement pour les Canadiennes et les Canadiens, mais pour le monde entier», a plaidé M. Johnston, dans un Sénat bondé.

Parmi la foule venue l'accueillir dans ses nouvelles fonctions, les anciens premiers ministre Jean Chrétien, Joe Clark et John Turner étaient présents, de même que l'actuel premier ministre Stephen Harper et plusieurs de ses ministres.

Les chefs libéral et néo-démocrate étaient aussi dans la Chambre haute, de même que l'ancienne gouverneure générale Adrienne Clarkson et la prédécesseure directe de M. Johnston, Michaëlle Jean.

Aux premiers rangs se trouvaient les cinq filles de M. Johnston, 69 ans, et son épouse Sharon, ainsi que l'une de leurs sept petits-enfants, Emma, qui a envoyé des baisers soufflés à ses grands-parents pendant la cérémonie.

Homme de famille, M. Johnston a d'ailleurs mentionné la sienne à quelques reprises et mis de l'avant trois thèmes qui permettront que la «nation devienne véritablement aussi éclairée et bienveillante que nous le désirons». Et au premier rang, il a cité qu'il était «essentiel de soutenir les familles et les enfants».

Puis, ont suivi l'importance d'accroître l'éducation et l'innovation, autres priorités de cet ancien président de l'Université de Waterloo, et d'encourager la philanthropie et le bénévolat.

M. Johnston, qui a fait carrière comme professeur de droit dans plusieurs universités canadiennes - dont l'Université McGill à Montréal - a d'ailleurs souligné qu'il souhaitait trouver un moyen, au cours de son mandat, de «chérir nos enseignants».

À l'instar de sa prédécesseure, Michaëlle Jean - dont le mandat s'est terminé vendredi matin, au moment où celui de M. Johnston débutait -, M. Johnston a également fait valoir qu'il voulait «rapprocher les générations». Mme Jean avait elle aussi insisté sur l'importance de la jeunesse, tout au long de son mandat.

Si l'ancienne gouverneure générale avait laissé une forte impression au pays, de par sa personnalité et les événements qui ont marqué son règne, la cérémonie d'installation du gouverneur général David Johnston a elle aussi laissé place à quelques moments comiques.

Car tout nouveau à son poste, M. Johnston n'a notamment pas su quoi faire lorsque le registraire général du Canada - le ministre de l'Industrie Tony Clement - lui a présenté le Grand Sceau du Canada, apposé sur tous les documents d'État. Son aide de camp a dû venir lui expliquer qu'il n'avait qu'à accepter de le confier au ministre, en vertu du protocole.

Puis, au moment de prendre pour la première fois le siège qui lui est réservé au Sénat, M. Johnston est resté surpris de voir sa femme lui faire la révérence. Un épisode qui s'est suivi d'un éclat de rire dans la Chambre haute et d'un baiser entre les époux.

Malgré l'aspect austère d'une cérémonie comme celle de vendredi, le couple vice-royal s'est donc permis quelques moments de tendresse. Lorsque M. Johnston a souligné qu'après 46 ans de mariage son épouse était toujours sa meilleure amie, sa source d'inspiration et «le vent dans (s)es voiles», celle-ci n'a pas pu s'empêcher de se lever de son siège pour mettre la main au dos de son mari.

À leur arrivée devant le parlement, M. Johnston et sa femme, Sharon, ont été accueillis par la garde d'honneur et une salve d'honneur de 21 coups de feu. Ils se sont par la suite dirigés vers le Sénat, où M. Johnston a été assermenté par la juge en chef de la Cour suprême du Canada, tandis qu'au même moment le drapeau bleu du gouverneur général a été hissé au sommet de la Tour de la Paix.

Le premier ministre Harper a quant à lui pris la parole quelques minutes avant l'allocution de M. Johnston, en se disant convaincu des qualités qu'il possède pour remplir ses nouvelles fonctions, «puisque, pour la première fois, un comité consultatif expert et non-partisan» a été appelé à participer au choix.

«Tout au long de sa vie, David Johnston a été motivé par la croyance ferme que le service n'est pas seulement une option. C'est un devoir, une obligation du coeur, que l'honneur oblige l'homme à accepter», a plaidé Stephen Harper.

M. Johnston remplace Michaëlle Jean, qui était en poste comme représentante de la reine et commandante des armées depuis 2005.

Avec sa personnalité colorée, Mme Jean avait beaucoup fait parler d'elle, au cours de son passage à Rideau Hall, notamment lorsqu'elle a accepté d'accorder une prorogation au premier ministre Harper à deux reprises, en 2008 et 2009.

Suite aux cérémonies qui se sont déroulées vendredi matin au parlement, M. et Mme Johnston ont pris la route vers leur nouvelle résidence, Rideau Hall, en s'arrêtant devant la Tombe du soldat inconnu pour y déposer un bouquet de 13 fleurs, représentant les provinces et territoires du Canada - une étape ajoutée au protocole à la demande du nouveau gouverneur général.