Si l'ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau a passé la grande partie de sa vie sous les projecteurs, son corps repose pour l'éternité dans un certain anonymat, dans une petite ville qui compte environ 6000 habitants.

Aucun drapeau canadien ne flotte près du mausolée appartenant à la famille Trudeau - comme c'est pourtant le cas pour les autres défunts premiers ministres. Et aucune plaque ne relate les événements importants de la vie de l'homme politique canadien.

Situé à quelques mètres d'une route achalandée de Saint-Rémi, en Montérégie, le lieu de sépulture de Pierre Elliott Trudeau, mort il y a 10 ans le 28 septembre, ne paie pas de mine.

Sa veuve, Margaret Trudeau, soutient que c'était exactement ce qu'il souhaitait. «Il voulait être tranquille là-bas avec sa famille. C'est la raison pour laquelle le lieu se trouve hors des sentiers battus», explique-t-elle.

«Il aimait les émotions fortes, mais il n'appréciait pas que des gens qui ne le connaissaient pas réellement deviennent sentimentaux.»

Jusqu'à présent, son voeu a été exaucé. Car très peu d'habitants de Saint-Rémi sont conscients que sa tombe se trouve dans leur village. Et mis à part les touristes qui s'y présentent à bord d'un ou deux autocars à chaque année, rares sont ceux qui s'y rendent.

«Il y a eu beaucoup de visites tout de suite après sa mort, mais depuis plusieurs années, c'est plutôt tranquille», indique le maire Michel Lavoie.

Certes, quelques citoyens se souviennent des ancêtres de la famille Trudeau, qui étaient de la région. Mais peu ont connu l'ancien premier ministre, qui a grandi à Montréal après y être né.

«Les gens ne parlent pas beaucoup de lui, dit M. Lavoie. La ville de Saint-Rémi est heureuse de la présence de la famille dans la région. Il est l'un des hommes les plus connus, alors cela nous semble important. Mais c'est la famille Trudeau qui a le dernier mot. Ce sont eux qui ont décidé que le lieu demeurerait sobre.»

Treize membres de la famille Trudeau ont été inhumés à Saint-Rémi. Le corps de son fils cadet Michel, qui est mort en Colombie-Britannique après qu'une avalanche l'eut projeté dans un lac glacé, ne s'y trouve pas puisqu'on n'a jamais retrouvé son corps.

Cependant, le cimetière n'a pas toujours été paisible depuis l'arrivée de Pierre Elliott Trudeau, un homme qui a suscité la controverse au Québec. Quelques semaines après son inhumation, les policiers ont reçu des menaces à l'effet que sa tombe serait profanée. La Gendarmerie royale du Canada avait veillé sur la tombe 24 heures sur 24. Une fois les menaces dissipées, les policiers sont partis.

Et en avril 2008, des vandales ont écrit «FLQ», «Traître» et «Bâtard» avec de la peinture sur les murs du mausolée. Les graffitis ont depuis été retirés.