Le dernier ambassadeur du Canada au Conseil de sécurité des Nations unies a déclaré que Stephen Harper était davantage motivé par la «peur» que par un «véritable intérêt» dans la course pour le siège temporaire au conseil.

Le diplomate retraité Paul Heinbecker blâme le premier ministre canadien pour sa politique étrangère dans un nouveau livre, dont la publication concorde avec la soumission de la candidature du Canada pour le siège temporaire au Conseil de sécurité. L'Allemagne et le Portugal ont également déposé leur candidature.

Le Canada a siégé à ce prestigieux conseil en moyenne une fois aux dix ans depuis la fin des années 1940. M. Heinbecker soutient que M. Harper agit par «peur» d'être le premier gouvernement canadien à ne pas y arriver plutôt que par une véritable volonté de «laisser une trace tangible dans le monde».

M. Heinbecker était l'ambassadeur du Canada à l'ONU lors de la dernière contribution du pays au conseil en 2000. Il a également été le principal conseiller de l'ancien premier ministre Brian Mulroney en matière d'affaires étrangères.

M. Heinbecker est un commentateur influent en matière de politique étrangère canadienne et son livre, dont la sortie est prévue pour le 5 octobre, fait une évaluation cinglante de la performance du gouvernement Harper dans le domaine depuis son arrivée au pouvoir en 2006.

L'ancien diplomate condamne le premier ministre pour la décision de retirer les forces canadiennes de l'Afghanistan après avoir promis de ne pas faire de coupes irresponsables. «Le fait de prévoir un départ sans égards aux circonstances présentes à la date choisie n'est pas une politique sérieuse», estime-t-il. M. Heinbecker soutient que si la mission n'en vaut pas la peine, le pays devrait quitter immédiatement l'Afghanistan mais que dans le cas contraire, il ne devrait pas choisir une date de départ arbitrairement.

Il blâme également M. Harper pour avoir fait basculer la politique étrangère canadienne en faveur d'Israël et pour avoir mal géré ses relations avec la Chine, l'Inde et le Mexique, entre autres.

Les critiques de M. Heinbecker à l'encontre de M. Harper surviennent alors que l'ONU s'apprête à voter le 12 octobre pour déterminer quels pays obtiendront deux sièges au Conseil de sécurité.

Le premier ministre a vanté le Canada lors d'un discours majeur présenté devant l'Assemblée générale jeudi. Il a souligné que le pays est le septième plus important donateur à l'ONU et qu'il «a toujours été un participant responsable et fiable dans les initiatives onusiennes à l'international».

M. Heinbecker n'est toutefois pas convaincu de l'engagement du premier ministre envers l'ONU. Mis à part la mission en Afghanistan, le gouvernement conservateur a manifesté son intérêt pour les affaires onusiennes par intermittence, soutient-il dans son livre.

Il ajoute que le premier ministre a conseillé aux diplomates canadiens de ne pas prendre part aux négociations de l'ONU sur les drois humains et de ne pas utiliser des termes comme «équité des sexes» et «loi humanitaire international», parce que cela choque la base conservatrice du parti.

Selon M. Heinbecker, le premier ministre a mené une politique de rhétorique dans la gestion des affaires étrangères mais les résultats sont minimes.