Le premier ministre Stephen Harper a poursuivi jeudi à New York la campagne du Canada pour obtenir un siège temporaire au sein du Conseil de sécurité de l'ONU en vantant l'apport de son pays dans les affaires internationales, y compris en Afghanistan.

«Le Canada continue, par exemple, de payer un prix élevé en assumant l'obligation qui est la sienne en vertu du mandat de l'ONU de soutenir le gouvernement légitime de l'Afghanistan», a-t-il déclaré lors d'un discours solennel devant l'Assemblée générale des Nations unies.

«Nous le payons par la voie des contribuables canadiens, mais aussi, plus durement, par le chagrin de voir s'éteindre la précieuse vie de nos jeunes hommes et femmes qui servent là-bas dans les Forces armées canadiennes, et aussi, malheureusement, celle de nos civils qui ont mis leur vie au service de leur pays et du peuple d'Afghanistan.»

Le premier ministre canadien a également évoqué l'engagement du Canada dans plusieurs autres dossiers internationaux, dont l'aide alimentaire, la reconstruction d'Haïti et la santé des mères, entre autres.

«Ces actions viennent des idéaux canadiens, a-t-il dit. Permettez-moi donc de dire une chose: cette assemblée devrait savoir que le Canada est admissible au Conseil de sécurité. Si nous sommes élus, nous serons prêts à servir. Et, si le Canada est appelé à servir au Conseil de sécurité, il sera guidé par ces idéaux, qu'il cherchera à faire avancer tout comme il s'est efforcé de mettre en oeuvre les résolutions du Conseil de sécurité.»

Le Canada tente d'obtenir un des deux sièges vacants de cette puissante instance de l'ONU, où il n'a pas siégé depuis 2000. L'Allemagne et le Portugal sont également en lice. Les 192 ambassadeurs de l'ONU feront connaître leur choix à l'occasion d'un vote qui sera tenu le 12 octobre.

Les réactions de l'opposition

À Ottawa, le critique libéral en matière d'affaires étrangères, Bob Rae, a soutenu que le premier ministre a bien présenté la cause du Canada aux Nations unies.

«Je crois que le Canada a une bonne candidature et que le premier ministre a bien plaidé la cause du Canada. Cette question doit transcender les intérêts partisans d'un parti politique ou d'un autre, car quand le premier ministre s'exprime devant les Nations unies, il le fait au nom de tous les Canadiens», a-t-il dit.

M. Rae s'est dit satisfait de voir que M. Harper a évoqué les bons coups de tous les gouvernements des 65 dernières années, toutes allégeances politiques confondues.

Toutefois, le chef du NPD, Jack Layton, a affirmé que le premier ministre n'a pas été à la hauteur pour redorer le blason de son gouvernement auprès de la communauté internationale et permettre au Canada de décrocher le siège au Conseil de sécurité.

«On espère qu'on va avoir l'occasion de servir les pays du monde à l'ONU, mais les actions du gouvernement conservateur ne nous aident pas et je ne suis pas confiant que M. Harper a effectivement corrigé ces impressions dans son discours», a-t-il dit.

Protectionnisme

Ce discours aura par ailleurs permis au premier ministre canadien de dénoncer la «tentation du protectionnisme» à laquelle succombent des nations qu'il n'a pas nommées. Celles-ci, selon lui, «se rendent très vite compte que les partenaires commerciaux qui refusent un marché n'ont plus les moyens d'être des clients».

«Reconnaître cela, c'est comprendre la nécessité d'une souveraineté éclairée, l'idée que ce qui est bon pour les autres pourrait bien être le meilleur moyen de satisfaire ses propres intérêts», a-t-il dit.