C'est presque par accident que Candice Hoeppner est devenue porte-étendard du Parti conservateur dans le dossier du registre des armes à feu.

Cette députée du Manitoba n'était élue que depuis quelques mois, lorsqu'elle a pigé le numéro 38, l'un des premiers dans le tirage des projets de lois émanant des députés. Cela voulait dire que le projet qu'elle déposerait aurait des chances d'aller plus loin que celui de certains de ses quelque 300 collègues.

Représentante d'une vaste circonscription rurale, Portage-Lisgar, et membre d'un parti dont les militants rêvent de voir le programme créé par les libéraux dans le milieu des années 90 aboli, l'une des possibilités s'est imposée d'elle-même: le registre des armes à feu.

Pourtant, la mère de trois enfants dans la mi-quarantaine, menue, les cheveux blonds et les yeux bleus, peut sembler une porte-parole atypique pour parler de fusils. D'autant plus, se plaît-elle à dire, qu'elle ne possède pas d'arme chez elle, et que si elle avait le choix, elle achèterait plutôt un piano.

Mais «quand vous avez l'occasion d'introduire un projet de loi, a-t-elle récemment confié au magazine Le National, vous vous demandez: est-ce que les gens dans ma circonscription le supporteraient? Est-ce qu'ils seraient contents que je le fasse?»

La réponse, apparemment, était évidente: un sondage Angus Reid dont les résultats ont été rendus publics cette semaine laisse voir que 63% des Canadiens qui vivent au Manitoba et en Saskatchewan appuient l'abolition de la portion «armes d'épaule» du registre des armes à feu. Au Québec, c'est l'inverse: 59% s'opposent à son démantèlement.

Celle qui gérait la course au leadership de Stephen Harper pour le Manitoba en 2004 a donc consulté son collègue Gary Breitkreutz qui, avant elle, avait tenté de mener la charge contre le registre.

Tous deux ont convenu que l'ancien projet de M. Breitkreutz, était trop complexe. Ensemble, ils ont entrepris de rédiger un projet de loi que Candice Hoeppner a décrit comme étant «bien fait, propre et simple».

La route de son projet de loi C-391 s'est arrêtée hier. Elle a promis de continuer à se battre. Mais ses collègues l'ont déjà remerciée, lui faisant une ovation à la Chambre des communes.