Les députés du Parti conservateur et des partis de l'opposition ont fait valoir leurs derniers arguments, hier, dernière journée avant l'important vote sur le registre des armes à feu, qui aura lieu ce soir à la Chambre des communes.

Lors des discours prononcés en Chambre, le député libéral Mark Holland a exhorté le gouvernement à passer à autre chose et à mettre fin au débat sur le registre, au nom des victimes de crimes commis à l'aide d'armes à feu et de leurs familles.

La marraine du projet de loi, la conservatrice Candice Hoeppner, a répliqué en accusant les partis de l'opposition d'entretenir des mythes sur le registre, dont celui qu'il est utile aux corps policiers.

«C'est une banque de données partielles! C'est une banque de données non fiable!» a-t-elle souligné, affirmant que seulement 46% des armes longues étaient enregistrées.

Les députés avaient une heure, hier soir, pour débattre une dernière fois aux Communes du projet de loi C-391. Sauf imprévu, on s'attend à ce que l'initiative conservatrice soit défaite au cours du vote de ce soir, par une mince majorité de députés du Parti libéral, du Bloc québécois et du NPD.

Le projet C-391 vise à abolir l'obligation d'enregistrer les armes d'épaule, comme les fusils de chasse. Les troupes de Stephen Harper prétendent depuis longtemps que le registre des armes à feu coûte trop cher, qu'il est inefficace et qu'il crée un fardeau administratif trop lourd qui, de surcroît, criminalise d'honnêtes chasseurs et agriculteurs. Les tenants du maintien du registre, de leur côté, font valoir que les corps policiers souhaitent qu'il soit maintenu, parce qu'il est utile dans leur travail et qu'il est susceptible de sauver des vies.

Motion

La motion du comité parlementaire sur laquelle les députés seront appelés à se prononcer aujourd'hui recommande que «la Chambre des communes ne poursuive pas l'examen du projet de loi C-391 (...), car il a entendu suffisamment de témoignages selon lesquels ce projet démantèlera un outil de promotion et d'amélioration de la sécurité publique et de la sécurité des policiers canadiens».

La motion devrait être adoptée par une ou deux voix. Tous les députés libéraux et bloquistes devraient voter pour la motion, donc contre le projet de loi de Mme Hoeppner. Tous les députés conservateurs et les deux députés indépendants devraient voter contre.

Une seule députée n'a toujours pas annoncé ses intentions: la jeune Niki Ashton, de Churchill au Manitoba. Ses collègues du NPD sont quant à eux divisés sur la question: près d'une demi-douzaine devraient se ranger dans le camp des conservateurs, une trentaine d'autres avec le reste des partis de l'opposition.

Dans les faits, cependant, l'avenir du projet pourrait reposer sur la présence ou non de tous les députés de chacun des partis. La marge est à ce point mince, en effet, que l'absence d'un seul ou de deux d'entre eux pourrait faire toute la différence.

Candice Hoeppner, qui a juré lundi qu'elle se battrait jusqu'à la fin pour tenter de convaincre ses collègues de se ranger dans son camp, a tenu parole, hier. Lors de son discours en Chambre, elle a interpellé directement certains députés des bancs de l'opposition, dont le député libéral du Yukon, Larry Bagnell. M. Bagnell est un opposant de longue date du registre. Mais la ligne de parti imposée par son chef, Michael Ignatieff, au printemps dernier, l'obligera à voter avec le reste de son caucus - à moins qu'il décide de défier l'autorité de son chef.

En matinée, Mme Hoeppner avait rencontré des chasseuses et des agricultrices dans une circonscription rurale de l'Ontario pour qu'elles expliquent les inconvénients que leur cause le programme fédéral.

Au même moment, en conférence de presse à Ottawa, des députées de tous les partis de l'opposition plaidaient en faveur du maintien du registre, qu'elles ont décrit comme étant particulièrement important pour prévenir la violence contre les femmes.

Le Globe and Mail a par ailleurs rapporté hier matin que le Parti conservateur avait lancé une offensive de messages téléphoniques dans 20 circonscriptions-clés dans le cadre de ce débat sur le registre des armes à feu. La semaine dernière, il avait déjà lancé une campagne publicitaire à la radio.