Un rapport préparé en janvier par le ministère fédéral de l'Immigration prévoyait que les circonstances étaient propices pour inciter davantage d'immigrants tamouls à se rendre au Canada par bateau.

Cette prévision avait été faite plusieurs mois avant l'arrivée du MV Sun Sea sur les côtes de la Colombie-Britannique en août, et qui a incité le gouvernement conservateur à promettre des changements pour sévir contre ces navires.

Le premier ministre Stephan Harper a mentionné l'exemple du Sun Sea alors qu'il fait pression pour durcir les lois afin d'empêcher d'autres bateaux de répéter l'expérience. Le cabinet fédéral a discuté de la nature de ces possibles changements.

Un document de planification rédigé par un employé diplomatique au Sri Lanka sonnait toutefois déjà l'alarme il y a sept mois.

Le rapport indiquait que la fin de la guerre civile l'an dernier au Sri Lanka a libéré plus de 100 000 tamouls des camps de réfugiés du pays, où les conditions sociales et économiques demeurent difficiles.

Selon le document, le fait que la politique de l'Australie, une destination prisée par les réfugiés tamouls, se durcisse à leur égard accroît l'attraction du Canada auprès d'eux. Il y était également mentionné que le Canada compte une grande population tamoule, soit 250 000 personnes, relativement aisée.

Un porte-parole du ministre de la Sécurité publique Vic Toews, qui avait d'abord soulevé l'hypothèse de nouvelles lois pour dissuader les navires d'immigrants, n'a pas voulu dire si le gouvernement avait agi à la suite de la lecture de ce rapport.

Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a affirmé lundi que son gouvernement ne prévoyait pas déroger à la Charte des droits et libertés et dépouiller des immigrants de certains droits pendant que les autorités gèrent les demandes d'asile.

C'est l'avocat Richard Kurland qui a obtenu le rapport diplomatique en vertu de la loi d'accès à l'information. L'homme de loi, qui ne traite aucun cas lié à l'immigration, a indiqué en entrevue lundi qu'il souhaite savoir si le gouvernement a agi lorsqu'il a reçu le document.

Il s'interroge sur la possibilité qu'Ottawa ait attendu l'arrivée du MV Sun Sea avant d'envisager des modifications. «C'est comme si quelqu'un avait voulu créer un sentiment de panique et d'urgence pour glisser vers une nouvelle politique», a-t-il souligné.