L'agence canadienne d'espionnage affirme qu'elle exploiterait des renseignements obtenus grâce à la torture si cela lui permettait de prévenir une éventuelle attaque terroriste, une prise de position qui, selon ceux qui s'y opposent, ne fera qu'encourager les interrogatoires musclés.

La déclaration du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), contenue dans des notes d'information obtenues par La Presse Canadienne, font écho à des propos tenus par un responsable de l'agence qui avait provoqué une controverse - et une rapide rétractation - l'an dernier.

Le SCRS entend partager les informations obtenues d'un partenaire international avec la police et d'autres autorités «même dans les circonstances rares et extrêmes où nous avons des doutes quant à la façon dont l'agence étrangère les a obtenues», est-il écrit dans les notes, rédigées à l'intention du directeur de l'agence, Dick Fadden.

Il est précisé dans ces notes que même si de telles informations ne pourraient être utilisées en cour afin de poursuivre une personne représentant une menace imminente, «le gouvernement doit se servir des informations pour tenter d'étouffer la menace avant qu'elle ne se matérialise».

La position défendue par le SCRS est «alarmante et va à l'encontre de la directive adressée par le gouvernement à l'agence d'espionnage afin qu'elle évite les méthodes brutales», a indiqué Don Davies, porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de sécurité publique.

Selon M. Davies, «le SCRS semble essayer d'ouvrir la porte afin de pouvoir se fier à des renseignements obtenus par la torture par un État ou une agence pour quelque raison que ce soit».

Les notes d'information, rédigées pour M. Fadden avant une entrevue accordée par ce dernier à CBC, ont été récemment obtenues par La Presse Canadienne en vertu des dispositions de la Loi sur l'accès à l'information. Le réseau anglais de Radio-Canada n'a pas soulevé la question de la torture durant l'entretien.