Affirmant que son parti va sauver le registre des armes à feu, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton, n'offre cependant pas de garanties, outre ses efforts acharnés pour le conserver et son optimisme.

M. Layton, qui refuse d'imposer à ses députés de voter pour faire échec à un projet de loi d'une députée conservatrice qui veut abolir l'enregistrement des fusils de chasse, a été depuis des mois la cible de l'opposition et de ceux qui militent en faveur du registre.

Mais il continue de maintenir qu'un compromis est possible dans ce dossier, qui est devenu un enjeu électoral.

Un compromis entre les Canadiens qui souhaitent l'abolition de l'enregistrement des fusils de chasse et ceux qui plaident pour son maintien. Un compromis qui doit aussi être accepté par ses propres députés qui ne s'entendent pas sur cette question.

«On va le sauver, on va travailler sans relâche pour que le registre continue», a-t-il affirmé jeudi, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Mais à moins de deux semaines d'un vote crucial sur le registre, la pression demeure néanmoins sur le chef du NPD.

M. Layton est directement visé puisque bloquistes et libéraux doivent tous voter contre le projet de loi d'initiative parlementaire C-391. Et comme les conservateurs vont l'appuyer en bloc, quelques votes néo-démocrates feront toute la différence pour le sort du registre.

«Moi je suis un optimiste. Et j'ai des raisons d'être optimiste», a-t-il souligné d'un ton confiant.

Mais il refuse de révéler quelles sont ses raisons, outre les discussions continues au sein de son parti pour améliorer le registre de façon à ce qu'il soit acceptable pour tous.

Pas plus qu'il ne veut dévoiler si d'autres députés de sa formation se rallieront à tous ceux qui veulent le maintien intégral du registre, comme l'a fait la semaine dernière le député de Sudbury, Glenn Thibeault, et Charlie Angus, député de Timmins-Baie James, peu de temps avant lui. Ces deux députés avaient voté en novembre dernier - avec 10 autres néo-démocrates - en faveur du C-391.

Quant au compromis que M. Layton a mis de l'avant, et qui prend la forme d'un projet de loi qui vise à maintenir l'enregistrement des armes tout en éliminant les peines de prison automatiques pour ceux qui omettent de les enregistrer, il n'a pas suscité d'enthousiasme chez les autres chefs de partis.

Aucun n'a offert son appui à ce projet de loi qui sera déposé dès la rentrée parlementaire, a indiqué M. Layton, jeudi.

«Mais on va continuer de travailler avec mon excellent caucus pour réaliser la solution qu'on cherche», a martelé M. Layton.

«Mon approche est de créer des ponts entre les divers points de vue. C'est mon style de leadership», a-t-il expliqué.

«On parle pour tous les Canadiens, peu importe où ils habitent. Je propose une façon de faire pour faire fonctionner le registre d'une façon plus efficace qui tient compte des inquiétudes de certains coins de notre pays», a-t-il ajouté.

M. Layton ne se laisse d'ailleurs pas démonter par ceux qui avancent déjà que si le registre disparaît, il en sera le responsable, de pair avec les conservateurs.

«Ce n'est qu'une hypothèse. Car je n'accepte pas que ce soit le résultat», a-t-il souligné avec un petit rire entendu. «Je crois que mon approche va produire un succès!»

Le registre sera d'ailleurs un sujet chaud lors la réunion du caucus néo-démocrate qui doit s'ouvrir à Regina lundi.

«Un sujet qui est important, comme bien d'autres», a tenté de minimiser le chef.

Mais pas question d'y échapper.

Selon le chef, les électeurs réfléchissent à tous les nouveaux arguments en faveur du registre, notamment le récent rapport de la GRC qui souligne son utilité et demande son maintien.

Un autre appel a été lancé au NPD, jeudi.

En marge d'une étude dévoilée sur l'impact psychologique sur les étudiants de la fusillade de 2006 au Collège Dawson de Montréal, la mère de l'étudiante tuée, Anastasia, Louise De Sousa, a formulé cette requête: «le registre des armes à feu, les conservateurs ne veulent rien savoir. C'est vraiment entre les mains du NPD. On va voir ce qui va arriver lors du vote. Pour moi c'est vraiment important», a-t-elle déclaré.