Le chef libéral, Michael Ignatieff, accuse le Parti conservateur d'avoir abandonné le Québec. Et il entend convaincre les Québécois de lui permettre de combler le vide.

Le caucus du Parti libéral du Canada s'est terminé mercredi comme il avait commencé: sans anicroche et dans une atmosphère détendue. Michael Ignatieff a annoncé qu'il mènerait à l'automne une série d'assemblées publiques pour continuer son «dialogue» avec les Canadiens, amorcé cet été lors d'une vaste tournée du pays.

Au cours d'un point de presse à Baddeck, au Cap-Breton, le chef libéral a aussi rappelé ses priorités pour la reprise des travaux parlementaires, dans trois semaines. Au premier rang, l'économie, et plus particulièrement les enjeux qui préoccupent les familles de la classe moyenne, comme leurs finances personnelles, leur retraite ou l'éducation de leurs enfants. «Les Canadiens remettent en question les priorités des conservateurs: ils investissent dans les prisons, ils investissent dans les avions. Ils n'investissent pas dans ce qui est important pour les familles canadiennes. Et nous allons le dire à maintes reprises pendant l'automne», a-t-il déclaré.

Le parti entend marteler ce message au Québec également, où Michael Ignatieff a fait remarquer que son adversaire conservateur n'a pas mis les pieds «depuis 110 jours».

M. Ignatieff a évoqué le Québec à plusieurs reprises dans les trois derniers jours. Selon lui, il est possible, à condition de continuer à travailler, de gagner la faveur des Québécois aux prochaines élections: «Les conservateurs ont fait un X sur le Québec. Ils ont dit: ce n'est plus possible au Québec. Maintenant, il y a une ouverture politique.»

Il espère que les électeurs délaisseront le Bloc québécois, qui détient 48 des 75 sièges de la province, pour adhérer à la solution libérale.

Une «grande trappe rouge», dit le Bloc

Mais le leader parlementaire du Bloc, Pierre Paquette, met les Québécois en garde contre cette entreprise de séduction dans une lettre que La Presse a obtenue. La «grande tente rouge» dans laquelle Michael Ignatieff convie les Canadiens depuis deux mois n'est en fait qu'une «grande trappe rouge», dit-il.

«Ce que le chef libéral demande aux Québécois, c'est de renier leurs principes, d'accepter d'avaler toutes les couleuvres libérales, de rejoindre un parti qui, face au Québec, partage toutes les politiques de Stephen Harper», écrit M. Paquette.