Le chef libéral, Michael Ignatieff, estime avoir encore du travail à faire pour convaincre les Canadiens d'élire son parti aux prochaines élections. Hier, il a donc exhorté ses troupes, réunies pour trois jours au Cap-Breton, à la patience et, surtout, à la prudence.

«Je sens que nous sommes sur une lancée, à l'issue de l'été. Je sens cet élan et vous le sentez aussi. Prenons les choses un pas à la fois. Nous devons aborder la session parlementaire comme il faut. Nous devons rester sur cette lancée», a dit le leader lors d'un discours prononcé devant les députés et les sénateurs de son parti.

«Nous luttons contre l'une des machines politiques les plus dures et sans merci de l'histoire canadienne. Ne l'oubliez jamais.»

Cette position détonne par rapport à celle qu'il avait adoptée à pareille date l'an dernier. Il avait alors annoncé qu'il voulait faire tomber le gouvernement minoritaire de Stephen Harper à la première occasion. Le NPD l'en avait empêché et le PLC avait chuté dans les intentions de vote. Michael Ignatieff en avait été quitte pour reconnaître qu'il était allé trop vite et que les Canadiens ne voulaient pas d'élections.

«Je crois que les Canadiens hésitent encore, a-t-il dit à La Presse, hier, quelques heures avant son discours. Et j'ai du travail à faire pour les convaincre.»

Selon lui, ce travail consiste à amener les électeurs aux penchants plus progressistes - dont ceux du Bloc québécois - à entrer dans la «grande tente rouge».

Mais avec une reprise des travaux parlementaires qui s'annonce houleuse, Michael Ignatieff n'est pas non plus allé jusqu'à promettre qu'il n'y aurait pas de campagne électorale à l'automne.

Abolition du registre des armes à feu, recensement, documents sur la torture de détenus en Afghanistan: les sujets de discorde seront nombreux à la rentrée, le 20 septembre. Jusqu'au début du mois de décembre, le premier ministre devra accorder sept journées à l'opposition, dont trois au libéraux - autant d'occasions de manifester la perte de confiance de la Chambre des communes dans le gouvernement.

«Dans ces conditions, franchement, je ne sais pas si on peut éviter des élections», a reconnu Michael Ignatieff.

Mais selon le sénateur David Smith, organisateur libéral de longue date, le PLC devra attendre un enjeu plus important encore avant de partir sur le sentier de la guerre: «Quelque chose peut arriver la semaine prochaine ou le mois prochain mais, en ce moment, je ne pense pas que l'on puisse appuyer sur le bouton «élections», juste pour le plaisir.»