Les libéraux fédéraux ont l'intention de faire fonctionner le Parlement, et non pas de le paralyser pour provoquer des élections.

Les députés et les sénateurs du Parti libéral du Canada ont amorcé leur réunion estivale de trois jours, au Cap-Breton lundi, pour planifier ce qui s'annonce comme une saison parlementaire parsemée d'affrontements entre les partis de l'opposition et le gouvernement.

Abolition du registre des armes à feu, recensement, documents sur la torture de détenus en Afghanistan, comparution du personnel politique en comité, achat d'avions militaires: les sujets de discorde seront nombreux dès la reprise des travaux, le 20 septembre.

«La première intention du leader est d'essayer d'être positif», a néanmoins affirmé le whip du parti, Roger Cuzner. Le député néo-écossais est notamment chargé de maintenir la discipline dans les troupes libérales au moment des votes à la Chambre des communes.

«Mais évidemment, il y a des principes de base sur lesquels nous ne ferons pas de compromis.»

À pareille date l'an dernier, le chef libéral Michael Ignatieff avait annoncé lors de la réunion de son caucus à Sudbury que les jours du premier ministre Stephen Harper étaient comptés et qu'il entendait renverser son gouvernement minoritaire à la première occasion.

Une telle sortie lui avait cependant coûté cher: le NPD avait décidé de sauver le gouvernement et le Parti libéral avait dégringolé dans les intentions de vote.

À la première journée de la rencontre de cette année, la plupart des députés et sénateurs ont convenu qu'il était plus sage de tendre la main aux troupes de Stephen Harper, et de voir si elles feraient de même en retour.

Le député montréalais Denis Coderre est de cet avis. Il s'est par contre dit prêt à partir sur le sentier de la guerre, si cette approche venait à échouer. «La prochaine campagne électorale va être: dans quel type de société voulez-vous vivre? On est tannés du parc jurassique, là. Ça va faire les dinosaures», a-t-il dit.

Détendus

Michael Ignatieff n'a pas encore fait connaître ses intentions: il n'est arrivé à Baddeck qu'en début de soirée. Dans un long discours prononcé dans une salle remplie par ses troupes et des militants locaux, il a abordé le thème de la discordance des valeurs conservatrices et des valeurs canadiennes.

«L'une des choses que vous apprenez lorsque vous faites une tournée de 142 arrêts dans chaque province et région dans le pays, et ça s'inscrit en vous: ce pays est trop grand, trop riche, trop diversifié, trop complexe, pour être gouverné par une idéologie aveugle importée des États-Unis», a-t-il lancé.

M. Ignatieff se trouve dans la dernière ligne droite d'une tournée estivale qui lui a fait sillonner tout le pays en autocar. Les libéraux estiment que leur chef a visité 105 circonscriptions dans toutes les provinces et territoires et a parcouru 40 000 km.

En plus de réduire l'écart entre son parti et les conservateurs dans les sondages, cette initiative semble avoir remonté le moral de ses troupes, qui affichent des mines souriantes et détendues dans le centre de villégiature Inverary Resort, sur les berges du lac Bras d'Or.

«C'est palpable, parmi les membres du caucus: Michael Ignatieff n'a pas seulement engagé une conversation avec les Canadiens, mais ses propres députés se sont maintenant rangés à 100% derrière son leadership», a affirmé le député torontois Rob Oliphant.