Le gouvernement Harper a délibérément adopté une stratégie de dissimulation de l'information pour faire progresser son programme social et judiciaire de droite, accusent les libéraux.

Le député libéral John McCallum a donné jeudi, à Ottawa, deux exemples récents pour corroborer ses allégations: la décision gouvernementale de renoncer au caractère obligatoire du formulaire de recensement détaillé, et son refus de publier un rapport prouvant l'efficacité du registre des armes d'épaule.

M. McCallum a qualifié cette approche de «triomphe de l'ignorance sur le savoir, de triomphe de l'idéologie sur la science». Il a ajouté que les récents événements démontrent que le premier ministre Stephen Harper a peur d'un électorat bien informé.

«Stephen Harper n'aime pas que les faits ou la vérité s'interposent devant son programme idéologique», a déclaré John McCallum lors d'une conférence de presse. «Il n'arrêtera devant rien pour abêtir le débat et le ramener à une formule choc.»

Le député a estimé que la décision du gouvernement de rendre volontaire le formulaire détaillé de recensement visait à voler aux gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux les données fiables dont ils ont besoin pour offrir des programmes sociaux progressistes.

M. McCallum a indiqué que les libéraux déposeront en septembre un projet de loi d'initiative parlementaire pour rétablir le caractère obligatoire du formulaire détaillé et empêcher à l'avenir le gouvernement de le modifier sans l'accord du parlement.

Le chef libéral, Michaël Ignatieff, a également donné son avis, jeudi, sur le débat concernant le recensement. En visite jeudi à Saint-Bruno, en Montérégie, M. Ignatieff, qui poursuit sa tournée pancanadienne, a déclaré qu'il n'y avait pas, à ses yeux, une seule personne en accord avec les arguments avancés par le premier ministre pour rendre volontaire le formulaire détaillé de recensement.

«L'argument de Harper pour le recensement est que vous devriez être très, très effrayé par le recenseur, car il va envahir votre liberté personnelle. Je n'ai jamais rien entendu de plus ridicule de toute ma vie.»

En ce qui concerne la diffusion de l'évaluation annuelle de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) de l'efficacité du registre des armes à feu, les partis d'opposition maintiennent que le gouvernement possède ce rapport depuis six mois et désire le garder secret jusqu'après le vote de septembre sur le projet de loi de la députée Carole Hoeppner.

Ce projet de loi d'initiative parlementaire, s'il était adopté, signifierait la mort du registre des armes d'épaule.

Selon la CBC, le rapport conclut que le registre est peu dispendieux, efficace et est «un important outil pour faire respecter la loi».

«Les conservateurs veulent clairement empêcher les parlementaires et les Canadiens de recevoir de l'information importante concernant le coût et l'efficacité du registre d'armes d'épaule avant un vote important», a dit John McCallum.

Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a indiqué que la GRC n'avait pas encore complété le rapport. «Les Canadiens n'ont pas besoin d'un nouveau rapport pour savoir que le registre des armes d'épaule est très efficace pour embêter les fermiers respectueux des lois et les amateurs de plein air, en plus de gaspiller des milliards en fonds publics», a-t-il indiqué par courriel.