La démission du statisticien en chef de Statistique Canada est une preuve supplémentaire de l'idéologie du gouvernement Harper, croit le chef libéral Michael Ignatieff.

Selon M. Ignatieff, la décision de mettre un terme à l'obligation de remplir le formulaire long de recensement est d'autant plus inacceptable qu'elle dénote un manque de confiance du gouvernement fédéral dans ses propres institutions.

Ottawa a évoqué le besoin de protéger la vie privée des Canadiens pour justifier sa décision controversée de mettre un terme à l'obligation de remplir la version longue du formulaire de recensement.

«Statistique Canada, au contraire, a la réputation mondiale de protéger la liberté individuelle des individus», a affirmé Michael Ignatieff, à l'occasion d'un arrêt à Trois-Rivières de sa tournée estivale à bord de son autobus, l'Express libéral.

Le statisticien en chef du Canada, Munir Sheikh, a annoncé sa décision sur le site web de Statistique Canada, hier. Ce faisant, il a blâmé la décision du gouvernement Harper, qui mettra en danger la fiabilité des données recueillies, dit-il.

«J'aimerais profiter de l'occasion pour faire un commentaire sur un aspect technique d'ordre statistique qui est devenu sujet de discussion dans les médias. Cela est relatif à la question si une enquête volontaire peut remplacer un recensement obligatoire. Elle ne le peut pas. Dans les circonstances, j'ai présenté ma démission au premier ministre», a-t-il écrit.

Dans un communiqué de presse, le ministre de l'Industrie, Tony Clement, a réitéré sa position. «Je l'ai déjà dit, Statistique Canada aurait préféré maintenir le questionnaire détaillé obligatoire lors du prochain recensement», a-t-il par ailleurs reconnu.

«C'est la démission honorable d'un homme qui a refusé l'ingérence inacceptable d'un gouvernement conservateur, a conclu Michael Ignatieff. On attend la prochaine étape... Ils vont fermer Environnement Canada parce qu'ils n'aiment pas la météo?»

Le chef libéral a déclaré que s'il était porté au pouvoir, il rembaucherait M. Sheikh, un chercheur de «renommée internationale», a-t-il dit. Dans l'attente, il espère que le gouvernement Harper reviendra sur sa décision et «écoutera enfin les Canadiens».