Le Parlement canadien a approuvé un accord controversé de libre-échange avec la Colombie, après un ultime vote au Sénat qui ouvre la voie à sa mise en oeuvre rapide par les gouvernements des deux pays, a annoncé mardi une porte-parole du ministère du Commerce extérieur du Canada.

Le projet de loi, qui avait déjà été adopté la semaine dernière par la Chambre des Communes, entrera en vigueur après une dernière formalité, sa signature par la gouverneure générale Michaëlle Jean, représentante de la reine Elizabeth II, chef de l'État canadien, qui doit apposer la «sanction royale».

Le Sénat a voté le texte lundi soir malgré les préoccupations d'une partie de l'opposition libérale concernant «la gravité des violations des droits de la personne» en Colombie, un dossier qui bloquait l'approbation de l'accord au Parlement depuis sa signature en 2008.

L'accord, qui sera mis en oeuvre à une date convenue par les gouvernements des deux pays, va notamment favoriser les investissements canadiens dans les domaines minier et pétrolier en Colombie ainsi que les exportations agricoles, notamment de blé et d'orge.

Le commerce entre les deux pays, qui avantage légèrement le Canada, totalisait plus de 1,3 milliard de dollars en 2008.

L'accord comprend des annexes sur l'environnement et sur la coopération bilatérale dans le domaine du travail, en raison des préoccupations soulevées par une partie de l'opinion publique canadienne, notamment en ce qui concerne les nombreux assassinats de syndicalistes en Colombie ces dernières années.

La situation des militants syndicaux en Colombie est par ailleurs l'un des principaux obstacles à la ratification d'un traité de libre-échange entre les États-Unis et la Colombie signé en 2006, les démocrates américains estimant que les garanties qui leurs sont offertes sont insuffisantes.

À Ottawa, avant l'adoption du texte lundi soir, la sénatrice libérale Mobina Jaffer a critiqué les dispositions de l'accord qui prévoit que les gouvernements des deux pays évalueront tous les ans son impact sur la situation des droits de l'homme en Colombie.

Elle aurait entre autres souhaité que cette évaluation ait lieu avant plutôt qu'après la mise en oeuvre de l'accord, qu'elle soit effectuée par des parties indépendantes et que des ressources financières supplémentaires y soient consacrées.

«Il n'est pas précisé clairement (...) si les rapports annuels sur la situation des droits de la personne qui sont proposés devront être assortis de recommandations contraignantes auxquelles le Canada et la Colombie devront donner suite ou si ces rapports ne seront que de simples formalités, c'est-à-dire des rapports annuels qui ne pourront pas donner lieu à une action», a dénoncé Mme Jaffer.