Le Canada presse les pays du G20 de réduire leur déficit de moitié d'ici 2013 et de prendre des mesures pour commencer à réduire leur endettement global d'ici 2016.

Le premier ministre Stephen Harper a envoyé jeudi soir une deuxième lettre à ses homologues du G20, qu'il accueillera à Toronto les 26 et 27 juin. Il estime que les pays ont l'obligation de remettre de l'ordre dans leurs finances publiques pour assurer une croissance stable de l'économie mondiale.

 

«En tant que leader, notre objectif prioritaire doit être d'encourager la croissance économique et de stimuler la création d'emplois pour nos citoyens. Le plan de relance économique (de 2009) était nécessaire afin de protéger nos économies d'une crise qui aurait pu être plus grave. Cela a fonctionné. Mais nous ne sommes pas sortis du bois encore», affirme M. Harper dans sa lettre.

«De nouveaux risques pointent à l'horizon. Pour soutenir la croissance, les leaders des pays industrialisés doivent, dans la mesure du possible, mener à bien leur plan de relance. En même temps, les pays industrialisés doivent envoyer un message clair que dès la fin de leur plan de relance, ils mettront de l'ordre dans leurs finances publiques», ajoute-t-il.

Sous le couvert de l'anonymat, des sources gouvernementales ont indiqué hier que cette remontrance polie du premier ministre s'adresse aux pays industrialisés comme les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie ou le Japon, plus qu'aux pays émergents comme la Chine, l'Inde et le Brésil.

«Ce sont les pays industrialisés qui ont les dettes les plus élevées. La situation fiscale des pays émergents est beaucoup plus reluisante», a indiqué un haut fonctionnaire.

Le premier ministre juge important que les pays du G20 réalisent des progrès et se dotent d'un plan crédible de réduction de leur déficit, au plus tard en 2011, faute de quoi on risque «d'alimenter l'incertitude économique».

Au Canada, le gouvernement fédéral prévoit avoir éliminé son déficit, qui devrait être d'environ 49 milliards en 2009-2010, en 2015 au plus tard. M. Harper a promis d'en venir à bout sans augmenter les impôts ni sabrer dans les paiements de transfert aux provinces. L'an prochain, ce déficit devrait être réduit de moitié avec la fin du plan de relance de 40 milliards de dollars adopté en 2009.

Avant d'accueillir ses homologues du G20 à Toronto, M. Harper recevra les leaders du G8 à Muskoka les 25 et 26 juin.

Le Parti libéral s'est montré peu impressionné par cette lettre du premier ministre. Le député libéral John McCallum a affirmé que le Canada est devenu la «risée du monde» depuis qu'il a été révélé que les coûts de la sécurité atteindront près de 1 milliard de dollars.

«Le monde commence à rire du Canada. D'une part, Stephen Harper affirme qu'il faut réduire les dépenses et les déficits, mais, d'autre part, il y a tant de gaspillage à ce sommet, comme le faux lac, le faux phare, etc. La réputation du Canada en prend un coup», a affirmé M. McCallum hier.

Obama défend la réforme du système financier

Le président des États-Unis, Barack Obama, a aussi pris la plume mercredi pour exhorter ses partenaires du G20 à accélérer la réforme du système financier et à prendre des mesures pour renforcer la reprise économique mondiale.

«À Toronto, nous nous rencontrerons au moment où l'économie mondiale fait face à de nouveaux défis. Nous devons agir ensemble pour renforcer la reprise», écrit M. Obama.

Le président américain énonce trois sujets de préoccupation: la faiblesse considérables de la demande de certaines économies du G20, l'état des finances publiques et la réforme du système financier.

«Une reprise mondiale solide et durable doit être construite sur une demande équilibrée à l'échelle mondiale», affirme M. Obama

Cet objectif était l'essentiel du message du précédent sommet du G20, qu'avaient accueilli les États-Unis à Pittsburgh en septembre. Certains membres du groupe, États-Unis en tête, devaient accroître leur épargne pour moins emprunter à l'étranger. D'autres, la Chine au premier chef, devaient aider les ménages à consommer plus pour être moins dépendants des exportations. D'autres enfin, comme l'Europe, devaient réformer leur économie pour augmenter leur potentiel de croissance.

- Avec l'AFP