Le gouvernement Harper croit que l'avenir du G8 en tant qu'organisation internationale influente risque de se jouer au sommet qui aura lieu les 25 et 26 juin à Hunstville, en Ontario.

Si les pays membres (Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Japon et Russie) n'adoptent pas un mécanisme pour honorer les engagements pris au cours des rencontres précédentes et rendre des comptes annuellement, le G8 pourrait ne plus avoir «la crédibilité et la légitimité» nécessaires pour poursuivre ses activités.

Tel est du moins l'avertissement que le premier ministre Stephen Harper entend donner à ses invités, selon des documents que La Presse a obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

«S'assurer que le G8 rende des comptes et honore ses engagements sera l'une des priorités du Canada. Finir le travail (getting the job done, en anglais) de concert avec la communauté internationale est essentiel et va au coeur même de la crédibilité et de la légitimité du G8», peut-on lire dans des notes d'information rédigées à l'intention du ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.

Stephen Harper avait déjà émis certaines critiques au sujet de la crédibilité du G8 au dernier sommet, qui a eu lieu en 2009 à L'Aquila, en Italie. Il avait alors affirmé que les leaders du G8 doivent cesser de promettre des mesures qui sont sans lendemain. «Nous prenons des engagements et nous ne les respectons pas. Cela mine la crédibilité de nos démarches. Et cela est un sérieux problème», avait alors affirmé M. Harper.

Il faisait notamment allusion à la promesse qu'avaient faite les leaders du G8 au sommet de 2005, en Grande-Bretagne, de doubler l'aide internationale à l'Afrique avant 2010. Or, comme La Presse l'a écrit la semaine dernière, il manque toujours 18 milliards pour tenir cette promesse, selon les calculs de l'OCDE. Le Canada, les États-Unis et le Japon sont les seuls pays à avoir honoré leur engagement.

Depuis l'éclatement de la crise économique, en 2008, le G20, qui rassemble, en plus des pays du G8, les pays émergents comme la Chine, l'Inde et le Brésil, s'est imposé comme l'organisation qui traite des grandes questions économiques.

Le G20, qui a vu le jour en 1999 à l'instigation de l'ancien premier ministre Paul Martin, alors ministre dans le gouvernement libéral de Jean Chrétien, ne réunissait au départ que les ministres des Finances. Mais George W. Bush a proposé que les leaders des pays du G20 se réunissent à Washington en novembre 2008 afin de discuter des mesures à prendre pour contrer la crise mondiale.

Résultat : certains experts ont commencé à mettre en doute l'utilité du G8. D'autres exigent même la disparition de ce club, fondé en 1975, qui réunissait d'abord six pays. Le Canada ayant été invité à s'y joindre l'année suivante, et la Russie en est devenue membre en 1998.

Sous le couvert de l'anonymat, un haut fonctionnaire a indiqué hier que le Canada tient à ce que le G8 poursuivre ses activités parce qu'il joue un rôle complémentaire à celui du G20. Le G8 traite par exemple de l'aide aux pays en voie de développement et de lutte contre le terrorisme, deux dossiers qui ne seront pas abordés par le G20. Mais il a concédé que le G20 est appelé à évoluer et à jouer un plus grand rôle dans nombre de secteurs.

Ce sera la quatrième fois que le Canada est l'hôte du sommet du G8. Les précédentes rencontres ont eu lieu à Montréal (1981), à Halifax (1995) et à Kananaskis, en Alberta (2002). Ce sera toutefois la première fois que les leaders du G20 se réunissent au Canada.

- Avec William Leclerc