Le Bloc québécois demande au gouvernement Harper d'expliquer pourquoi un organisateur montréalais écarté l'automne dernier organise toujours des activités de financement du Parti conservateur.

Le nom de Giulio Maturi figure sur le dépliant qui annonce un brunch au profit de l'Association conservatrice de Pierrefonds-Dollard, qui a eu lieu dimanche dernier. L'invitation était lancée par un candidat à l'investiture de la circonscription, Agop Evereklian. L'invité d'honneur était le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon. Les personnes intéressées devaient réserver auprès de Giulio Maturi.

 

Dans une entrevue donnée à Radio-Canada au mois d'octobre, l'ancien aspirant à la mairie de Montréal Benoit Labonté avait affirmé avoir rompu ses relations avec M. Maturi après que celui-ci eut tenté de le convaincre de recourir à quatre organisateurs payés par une société privée pour organiser sa campagne électorale. M. Labonté avait déclaré que c'est le sénateur conservateur Léo Housakos et l'entrepreneur en construction Tony Accurso qui lui avaient présenté Giulio Maturi.

Quelques jours après l'entrevue, Mark Quinlan, directeur des communications du ministre Christian Paradis, avait affirmé à La Presse que M. Maturi n'était plus organisateur du Parti conservateur. Il n'avait pas voulu en dire plus, mais des sources conservatrices avaient dit douter qu'il s'agisse d'une coïncidence.

Le Bloc insatisfait

Hier, le Bloc québécois a tenté d'obtenir des explications au sujet de cette réapparition dans l'entourage conservateur. «Comment le lieutenant politique du premier ministre explique-t-il le retour en catimini de Maturi, un organisateur politique dont les manigances ont été dénoncées?» a demandé le député bloquiste Michel Guimond.

Christian Paradis s'est contenté de répéter ce que son porte-parole avait dit quelques mois auparavant: «M. Maturi n'est pas à l'emploi du Parti conservateur.»

Mais la réponse n'a pas satisfait le Bloc. «S'ils l'ont écarté, il y avait un problème. S'il y avait un problème, comment se fait-il qu'il soit là encore?» a lancé le chef, Gilles Duceppe à sa sortie de la période des questions.

«Nous, on pense qu'il y avait effectivement un problème quand on incitait des gens à faire payer leurs dépenses par des entreprises privées», a-t-il ajouté.

Le bureau du ministre Paradis a refusé d'en dire plus et n'a pas donné suite à nos demandes d'entrevue.

Maturi nie

Quant à Giulio Maturi, il a rappelé La Presse en fin de journée. Il a nié les allégations faites à son égard par Benoit Labonté et a déclaré qu'il avait quitté de son plein gré son poste d'organisateur montréalais à l'automne, simplement parce qu'il n'y avait pas d'élections en vue.

Il a ajouté que son mandat actuel n'était pas pour le Parti conservateur, mais plutôt pour l'association de la circonscription de Pierrefonds. «L'association du comté m'a donné un mandat pour tenter de gagner le comté pour le Parti conservateur, a-t-il dit. Mais je ne suis pas un officier du Parti conservateur. Je ne travaille pas pour le Parti conservateur.»

Pour joindre Hugo de Grandpré: hdegrand@lapresse.ca