Le chef du NPD, Jack Layton, ouvre toute grande la porte à l'idée de former un gouvernement de coalition avec le Parti libéral, mais une telle option ne pourra être examinée qu'après les prochaines élections.

Mettant à son tour son grain de sel dans ce débat qui anime depuis quelques semaines les stratèges libéraux et ceux du NPD, visiblement à la recherche d'une solution pour mettre fin au règne des conservateurs au prochain scrutin, M. Layton a écarté l'idée d'une fusion de son parti avec les troupes libérales.

 

Le NPD compte présenter un candidat dans toutes les circonscriptions durant la prochaine bataille électorale, même si cela à des candidats conservateurs de se faufiler vers la victoire. Mais si les libéraux veulent discuter d'une coalition après le prochain scrutin, il sera prêt à écouter les offres.

«Nous sommes prêts à travailler avec les autres partis. On l'a démontré pendant tout mon leadership et on va continuer d'essayer de travailler avec les autres partis pour le bien-être des Canadiens», a dit M. Layton.

Ignatieff ouvert

En fin de semaine, le chef libéral Michael Ignatieff a qualifié «d'absurde» l'idée d'une fusion du Parti libéral et du NPD. Toutefois, il s'est montré ouvert à l'idée d'une coalition avec le NPD, au lendemain des prochaines élections générales, qui pourraient avoir lieu à l'automne.

«J'ai toujours dit la même chose. Après une élection, ça dépend du choix des électeurs. Je suis en politique pour former un bon gouvernement libéral axé sur les valeurs progressistes», a dit M. Ignatieff, de passage à Québec.

L'idée d'un rapprochement entre le PLC et le NPD a été propulsée à l'avant-scène de l'actualité après que l'ancien premier ministre Jean Chrétien eut évoqué cette possibilité durant son récent passage à Ottawa pour le dévoilement de son portrait officiel. «Si c'est faisable, faisons-le», a-t-il lancé dans une entrevue à la CBC.

Depuis, d'autres libéraux influents ont donné leur bénédiction à cette idée, dont le député libéral de Toronto-Centre, Bob Rae, ancien premier ministre néo-démocrate de l'Ontario. M. Rae a d'ailleurs expliqué qu'il avait participé à un gouvernement de coalition dirigée par l'ancien premier ministre libéral de l'Ontario, David Peterson, dans les années 80, pour mettre fin au règne des conservateurs.

M. Ignatieff fait l'objet de pressions depuis quelques semaines pour qu'il favorise des ententes de coopération avec le NPD, une perspective alimentée par les sondages et l'arrivée d'un gouvernement de coalition en Grande-Bretagne.

Cela dit, M. Layton n'a pu s'empêcher de décocher quelques flèches à l'endroit de Michael Ignatieff. Il a rappelé que ce dernier avait appuyé le projet de gouvernement coalition entre le Parti libéral dirigé par Stéphane Dion et le NPD en décembre 2008 dans l'éventualité d'une défaite des conservateurs de Stephen Harper durant un vote de confiance.

M. Harper a fait dérailler ce projet de coalition, soutenu par le Bloc québécois, en demandant à la gouverneure générale Michaëlle Jean de proroger le Parlement afin de permettre au gouvernement conservateur, réélu deux mois plus tôt, de présenter un budget.

Mais même s'il avait signé un document appuyant cette coalition, M. Ignatieff s'est empressé d'en prendre ses distances quelques semaines après être devenu chef du Parti libéral.

«M. Ignatieff peut dire une chose une semaine, et une autre chose la semaine après», a lâché M. Layton, manifestement méfiant de son collègue libéral.

L'appui du Bloc

Pour sa part, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a affirmé que son parti est toujours prêt à donner son appui à un gouvernement de coalition formé par le PLC et le NPD s'il propose des mesures qui sont dans l'intérêt du Québec.

«On aurait la même attitude qu'on a eue envers la coalition des libéraux et du NPD en 2008 et la même attitude qu'on a eue envers Stephen Harper en 2004», a dit M. Duceppe.