Le Canada élude la question de l'avortement et demeure flou sur celle de la lutte aux changements climatiques dans le communiqué final qu'il présentera au G8 à la fin juin.

La Presse Canadienne a obtenu une copie de la version préliminaire de ce texte daté du 26 mai. Le gouvernement Harper y présente, dans un langage très bureaucratique, les modalités de son plan d'action sur la santé des femmes et des enfants maintenant connu sous le nom d'«Initiative de Muskoka».

On peut lire, dans cette ébauche, que «des actions sont requises pour tous les facteurs affectant la santé des femmes et des enfants» et que cela «inclut les mesures visant à promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes et l'amélioration de l'éducation des femmes et des jeunes filles».

Nulle part l'avortement n'est nommé comme étant un facteur qui affecte la santé des femmes. Le document souligne cependant le besoin de renforcer «la planification familiale volontaire».

Des négociations sont toujours en cours afin de déterminer quelles sommes d'argent seront consacrées par les pays pour atteindre les objectifs de l'Initiative Muskoka. Selon certaines sources de la Presse Canadienne, le Canada serait prêt à fournir 1 milliard de dollars à condition que les autres pays contribuent aussi. Mais dans l'ébauche du communiqué, c'est un «X» qui tient toujours lieu de montant total.

Le gouvernement sollicite la participation du secteur privé pour son plan d'aide. Stephen Harper estime que les grandes entreprises ont aussi leur part de responsabilité et doivent contribuer financièrement au même titre que les gouvernements.

La question environnementale est aussi abordée dans l'ébauche du communiqué. Par contre, dans le document, deux sections importantes sur la lutte aux changements climatiques sont encadrées et vides, ce qui laisse croire que rien de concret ne pouvait être couché sur papier.

On attend pourtant du G8 qu'il fasse avancer les négociations dans ce dossier et qu'il investisse 30 milliards de dollars pour aider les pays en voie de développement à s'adapter aux conséquences des changements climatiques.

En outre, un seul aspect fait l'unanimité auprès des négociateurs du G8 sur le plan de l'environnement: la lutte aux changements climatiques ne doit pas nuire à l'économie des pays.

Le texte rappelle également que le G8 doit demeurer le meneur en ce qui a trait aux affaires internationales. Le G20, qui a pris du galon depuis quelques années, doit quant à lui se concentrer sur les questions économiques.

«Depuis trente ans, le G8 a démontré que sa volonté collective peut être un catalyseur important pour le développement durable et pour le progrès», dit le communiqué. Le développement, la paix internationale, la sécurité et l'environnement sont du ressort du G8, note-t-on dans un autre paragraphe. Cette position est chère à M. Harper, qui se méfie de la diversité grandissante des interventions du G20.

À la lumière de ces informations, le coordonnateur des politiques d'Oxfam Canada, Mark Fried, se désole du fait que «le communiqué ne démontre aucune entente sur le financement de la santé maternelle». Selon lui, si les gouvernements ne consacrent pas de nouvelles sommes d'argent, «le scandale des 1000 femmes qui meurent enceintes ou en accouchant» ne cessera pas de sitôt.

Le Sommet du G8 aura lieu les 25 et 26 juin à Huntsville, en Ontario. Il sera suivi du G20 de Toronto, les 26 et 27 juin.