Le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenney, a déclaré mardi qu'il avait conclu une entente avec le porte-parole libéral afin d'accélérer le processus d'adoption de son projet de loi controversé visant certains demandeurs du statut de réfugié.

Dans sa déclaration chargée de rares compliments pour son adversaire politique, M. Kenney a indiqué qu'il accepterait toutes les modifications présentées par le porte-parole libéral en matière d'immigration, Maurizio Bevilacqua, dans l'espoir que son projet de réforme de la loi sur les réfugiés soit adopté durant l'été.

«Mon conseil aux partis d'opposition serait de déclarer la victoire, et de compléter le processus d'adoption de cette loi», a déclaré mardi M. Kenney.

«Nous devons procéder d'urgence à des réformes du système d'asile, a-t-il ajouté. Cela signifie qu'il faut présenter une offre qui fera consensus au sein d'un gouvernement minoritaire. Pour cette raison, j'ai indiqué que j'étais ouvert à une approche collaborative.»

Le projet de loi de 600 millions de dollars vise à empêcher les fraudeurs de demander le statut de réfugié au Canada, et ainsi profiter du système pendant des années avant d'être expulsés vers leur pays d'origine. En même temps, on espère accélérer le traitement des demandes légitimes.

Ce projet de loi est controversé par la manière de raccourcir les étapes d'évaluation des demandes du statut de réfugié -en triant les gens selon leur pays d'origine.

Cette loi forcerait le gouvernement à établir une liste de pays reconnus comme étant sécuritaires. Puisque les responsables du programme anticipent déjà que les demandeurs de ces pays soient éventuellement presque tous rejetés, ces demandeurs passeront par le processus accéléré. De cette façon, le Canada pourra réduire le temps que ces personnes passeront ici à exploiter le système en recevant de l'aide sociale et en bénéficiant du système de santé public.

Le plan d'identification des pays sécuritaires doit principalement dissuader les imposteurs de venir au Canada, puisque le jeu n'en vaudrait pas la chandelle.

Les critiques ont toutefois souligné que ce système d'identification de pays dits sécuritaires est discriminatoire et risque de laisser de côté de véritables réfugiés sous le motif qu'ils proviennent de pays démocratiques.

En vertu des amendements acceptés par M. Kenney cette semaine, il y aurait une limitation des pouvoirs accordés au ministre dans la gestion de la liste des pays considérés comme «sécuritaires».

Mais le processus de création de cette liste demeure la principale pierre d'achoppement pour les défenseurs des droits des demandeurs d'asile, comme le Nouveau Parti démocratique (NPD) et quelques libéraux.

«On doit encore me convaincre que je dois accepter ce processus d'établissement de la liste des pays sécuritaires», a déclaré le député libéral Jim Karygiannis, qui fait aussi partie du comité sur l'Immigration.

Bien sûr, M. Kenney a indiqué qu'il préfèrerait abandonner le projet de loi plutôt que de permettre d'autres amendements.

«Si les membres décident de jouer le jeu de la politique, alors ils perdront une belle opportunité de réaliser une réforme équilibrée, et voici ce que nous perdrons: un nouveau bureau d'évaluation des demandes du statut de réfugié pour la vaste majorité des demandeurs», a dit M. Kenney devant le comité de l'Immigration des Communes.

Ce dernier devrait voter sur les amendements proposés cette semaine, et ensuite soumettre le projet de loi à la Chambre des communes pour qu'il soit adopté par les députés avant qu'ils ne quittent pour l'été.