Brian Mulroney va subir une dernière humiliation, lundi, relativement aux relations d'affaires entretenues avec le marchand d'armes germano-canadien Karlheinz Schreiber.

Néanmoins, M. Mulroney ne perdra pas de temps à tenter de rétablir sa réputation à la suite du dépôt du rapport final du juge Jeffrey Oliphant sur cette affaire, qui a vu l'ex-premier ministre accepter des enveloppes remplies d'argent dans des chambres d'hôtel.

Quelques heures après le dépôt du rapport, M. Mulroney va chercher à oublier toute cette histoire au cours d'une activité de financement à Toronto en compagnie du prix Nobel de la paix Elie Wiesel et de l'écrivain de renom Salman Rushdie, plus respectables que M. Schreiber, qui fait face à une peine de huit ans de prison en Allemagne, après avoir été récemment reconnu coupable d'évasion fiscale.

L'événement est financé par Les Amis du Centre Simon Wiesenthal pour les études sur l'holocauste, un organisme sans but lucratif ayant pour mandat de promouvoir la tolérance.

Mais si le rapport du juge Oliphant pourrait permettre à M. Mulroney de tourner la page, on ne s'attend pas à ce qu'il apporte un nouvel éclairage sur cette affaire et procure satisfaction aux contribuables, qui ont payé 14,1 millions $ pour la commission d'enquête et 1,8 million $ de plus pour couvrir les frais d'avocats de l'ancien premier ministre.

Le mandat confié à M. Oliphant par le gouvernement du premier ministre Stephen Harper l'interdit de conclure à quelque activité criminelle que ce soit ou à une responsabilité civile.

Le juge s'est vu interdire de se pencher sur les allégations voulant que M. Mulroney et M. Schreiber aient été impliqués dans une affaire de pots-de-vin au moment de l'achat d'appareils Airbus par Air Canada, en 1988, au coût de 1,8 milliard $.

De plus, il ne peut pas revenir sur le règlement ayant valu à M. Mulroney 2,1 millions $ du gouvernement fédéral, en 1997, à la suite de l'enquête menée par la Gendarmerie royale du Canada sur l'achat des Airbus, alors que l'ex-premier ministre maintenait qu'il connaissait à peine M. Schreiber.

Au lieu de cela, M. Oliphant a dû se limiter, tout au long de son enquête de deux ans, à se pencher sur l'implication de M. Mulroney dans le projet Bear Head, qui prévoyait l'ouverture au Canada par la firme allemande Thyssen AG d'une usine de fabrication de véhicules militaires.

M. Mulroney a reconnu avoir accepté 225 000 $ de M. Schreiber en 1993-94, peu de temps après avoir quitté son poste de premier ministre, pour faire la promotion du projet à l'étranger.

Quant à lui, M. Schreiber affirme avoir versé 300 000 $ à M. Mulroney alors qu'il était encore premier ministre.