Stephen Harper a l'intention de soulever auprès du président du Malawi le cas du couple homosexuel de ce pays condamné jeudi à 14 ans de prison et de travaux forcés pour avoir tenu une cérémonie de mariage symbolique.

Le Conseil québécois des gais et lesbiennes avait envoyé une lettre, jeudi, au premier ministre pour l'enjoindre d'interpeller le président du Malawi au sujet de cette violation des droits humains lors du Sommet du G20 qui sera tenu en juin à Toronto, où il a été invité notamment parce que son pays préside actuellement l'Union africaine.

Le Conseil souhaite que le président Bingu wa Mutharika intervienne pour assurer le respect des droits humains dans son pays.

Au bureau du premier ministre, on a confirmé vendredi que M. Harper soulèvera cette question auprès du président malawais très rapidement.

Le directeur des communications du premier ministre, Dimitri Soudas, a précisé que Stephen Harper n'avait pas forcément besoin d'attendre la fin du mois de juin, au moment du Sommet du G20 pour discuter du cas, et que cela pouvait être fait avant.

Le signataire de la lettre et président du Conseil, Steve Foster, a été étonné d'apprendre de La Presse Canadienne que le premier ministre a l'intention d'intervenir, parce qu'il juge que M. Harper a trop souvent négligé de prendre la défense des homosexuels.

L'an dernier, lors du Sommet des pays du Commonwealth à Trinité-et-Tobago, le premier ministre Harper avait pourtant affirmé qu'un projet de loi de l'Ouganda prévoyant l'emprisonnement, voire l'exécution des homosexuels était inacceptable.

Selon M. Foster cette intervention fut l'unique geste de Stephen Harper sur la scène internationale dans le dossier des droits des gais et lesbiennes. Il a ajouté que le Canada a été l'un des derniers, sinon le dernier pays, à s'être opposé à ce projet de loi.

Pour lui, une intervention canadienne dans le dossier du Malawi est cruciale. «C'est très important pour nous que le premier ministre intervienne parce que le président du Malawi est aussi le président de l'Union africaine alors ça lance un mauvais signal à l'ensemble des pays africains, a-t-il fait valoir. Et on voit que plusieurs d'entre eux criminalisent ou rendent passibles de la peine de mort les relations homosexuelles.»

M. Foster surveillera que cette intervention annoncée du premier ministre se concrétise mais, dans l'intervalle, il se réjouit de la nouvelle.

«On l'incite [Stephen Harper] à continuer à remettre le Canada à l'avant-plan de la défense des droits humains», a ajouté M. Foster.

Jeudi, en marge d'un discours prononcé à Montréal, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a indiqué que le Canada condamne de tels cas.

«Nous avons une excellente réputation sur la scène internationale parce que nous sommes capables de prendre la défense des droits humains et de dénoncer les violations qui doivent être dénoncées», a-t-il rappelé.