Les quelques ponts qui reliaient encore Helena Guergis aux conservateurs ont été réduits en cendres après son entrevue larmoyante à la télévision, diffusée lundi soir.

Mardi, des conservateurs ont réagi avec colère à cette première entrevue importante accordée par l'ancienne ministre d'État depuis qu'elle a été expulsée du caucus, suggérant qu'elle a déformé la vérité.

Mme Guergis a affirmé à la télévision anglaise de Radio-Canada que ni le premier ministre Stephen Harper ni les membres du parti ne lui ont dit quelles étaient exactement les allégations qui ont mené à son expulsion du caucus conservateur, à part quelques vagues références à un «comportement criminel» et à la drogue.

«J'ai l'impression que j'ai été accusée, que j'ai subi un procès, que j'ai été trouvée coupable et que maintenant je reçois ma peine», a déploré Mme Guergis. «Et je ne sais toujours pas ce que je suis censée avoir fait», a-t-elle ajouté.

Mais le ministre des Transports, John Baird, a déclaré à la Chambre des Communes que Stephen Harper «s'est assuré que la membre soit informée» des «allégations sérieuses » auxquelles elle faisait face.

Le porte-parole du premier ministre, Dimitri Soudas, est allé plus loin, insistant que l'avocat du Parti conservateur a pleinement informé Helena Guergis.

L'homme par qui le scandale est arrivé, l'enquêteur privé Derrick Snowdy, doit témoigner devant un comité parlementaire mercredi. C'est l'information glanée par M. Snowdy - qui effectuait une enquête sur l'homme d'affaire torontois Nazim Gillani - qui a amené Stephen Harper à expulser Mme Guergis et à référer toute l'affaire à la GRC.

Des députés conservateurs ont indiqué mardi à La Presse Canadienne que Mme Guergis n'avait pas été entièrement honnête pendant son entrevue. Ils soulignent qu'elle a elle-même déclaré que les allégations contre elle sont sans fondement, ce qui prouverait qu'elle en connaît la nature.

Ils ajoutent que son affirmation voulant que son mari et ancien député Rahim Jaffer n'ait jamais utilisé son bureau parlementaire pour mener des affaires personnelles est aussi incorrecte.

Un responsable gouvernemental a déjà révélé qu'il avait rencontré M. Jaffer l'an dernier et discuté de l'un de ses projets d'affaires dans un des bureaux de Mme Guergis.

«Ce n'est pas crédible», s'est exclamé un conservateur. «Elle n'est pas crédible à ce sujet, elle n'est pas crédible quant à ses commentaires sur Rahim. Les gens ont la capacité de pardonner ceux qui disent la vérité.»

La Presse Canadienne avait rapporté le 14 avril, cinq jours après l'expulsion de Mme Guergis du caucus, qu'elle n'avait pas été informée des allégations à son sujet, pas plus que son avocat.

«Je suis sûre que vous pouvez comprendre qu'il est difficile de répliquer à des allégations basées sur des insinuations provenant de sources anonymes», a écrit ce jour-là Mme Guergis. «Néanmoins, j'ai l'intention de me défendre autant que possible pour m'assurer que les faits soient rétablis».