Le premier ministre Stephen Harper estime qu'il n'y a aucune comparaison possible à faire entre le cas de son ancienne ministre d'État Helena Guergis et celui du député Devinder Shory.

M. Shory, qui représente une circonscription de l'Alberta, compte parmi des dizaines de personnes qui auraient trempé dans une fraude hypothécaire de 70 millions $ contre la Banque de Montréal.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) n'a pas encore déterminé si un crime a été commis.

M. Harper a chassé Mme Guergis du caucus conservateur en mars et a demandé à la GRC d'enquêter sur des allégations non spécifiées à son sujet.

Dans ce cas, la GRC n'a pas encore indiqué si elle procédera à une enquête formelle.

M. Harper estime que les deux cas sont complètement différents, puisque M. Shory fait toujours partie du caucus conservateur.

«Pour M. Shory, c'est une affaire civile, pas une affaire criminelle, c'est une question privée, a dit M. Harper, qui se trouve aux Pays-Bas pour commémorer la libération de ce pays lors de la Deuxième Guerre mondiale. L'affaire date d'avant qu'il ne soit élu au Parlement, c'est devant le tribunal, donc je ne ferai pas d'autres commentaires.»

Les deux députés réfutent les allégations contre eux.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, se demandait, comme son homologue du Nouveau parti démocratique, Jack Layton, pourquoi M. Shory était toujours membre du caucus conservateur.

«Nous parlons d'un scandale encore plus grand (que celui de Mme Guergis) et il y a des enquêtes en cours, a-t-il dit. Il n'y a aucune accusation, mais à ce que je sache, il n'y en a pas non plus contre Mme Guergis.»

«Je crois que ce député, alors que l'enquête est en cour, devrait au moins prendre place à l'extérieur du caucus jusqu'à temps que cette question soit réglée», a soutenu M. Duceppe.

Selon des documents remis au tribunal, M. Shory et d'autres avocats auraient payé des individus jusqu'à 8000 $ pour présenter une demande de prêt hypothécaire, dans le but d'acheter une maison dans des quartiers bien nantis.

Les avocats auraient ensuite falsifié la situation financière de ces acheteurs de pacotille pour les rendre plus attrayants pour la Banque de Montréal.

Une fois le prêt hypothécaire approuvé, les fraudeurs auraient empoché la différence entre le montant du prêt et la valeur de la maison. L'argent aurait ensuite été viré outre-mer.

Le montant total des hypothèques concernées atteint 69,5 millions $, mais la BMO dit s'attendre à perdre environ 30 millions $.

Le principal intéressé, M. Shory a soutenu dans un communiqué qu'il n'avait toujours pas été notifié des allégations qui pesaient contre lui. «Lorsque je le serai, je vais me défendre vigoureusement contre ces accusations. Je n'ai rien fait de mal», a-t-il écrit.

M. Shory a ajouté que la Banque de Montréal aurait elle-même dit qu'elle ne l'accusait pas de fraude.