L'opposition ne digère toujours pas la nouvelle ronde de coupes du gouvernement Harper à une douzaine de groupes de femmes et accuse les conservateurs de faire de l'intimidation envers les organismes qui ne partagent pas leurs visions idéologiques.

Les libéraux ont, pour une deuxième journée, vivement dénoncé les récentes coupes du ministère de la Condition féminine, qui a refusé des fonds à plus d'une douzaine de groupes de défense des droits des femmes, qui se sont faits critiques du gouvernement de Stephen Harper et de ses positions en matière d'avortement notamment.

Le gouvernement conservateur a fait de la santé maternelle et infantile son cheval de bataille pour le prochain Sommet du G8, qu'il accueillera au pays en juin. Mais les troupes de M. Harper ont choisi d'exclure l'avortement des services que le pays financera.

Et le sort réservé à des groupes de femmes témoigne, selon l'opposition libérale, de la culture d'intimidation qui règne au sein du gouvernement Harper. Car si on n'est pas d'accord, on se fait couper les vivres, ont dénoncé des députés libéraux à leur entrée au caucus du parti, mercredi matin.

«Il n'y a pas de coïncidence avec ce gouvernement. C'est un plan, il y a un plan pour intimider, un plan pour limiter les différences d'opinion de différents groupes. C'est clair que c'est le plan, et c'est un plan que nous n'acceptons pas», a indiqué le député Bob Rae.

Mardi, la sénatrice conservatrice Nancy Ruth avait conseillé à des groupes d'aide de «fermez vos gueules» quant à l'exclusion de l'avortement du plan des conservateurs pour le G8, car autrement ils pourraient s'attirer les représailles du gouvernement.

«Je suis absolument convaincu qu'il y a un lien entre leur critique du comportement du gouvernement et les coupures», a pour sa part estimé le chef libéral, Michael Ignatieff, à sa sortie de la réunion hebdomadaire du parti.

Une fausse accusation, a répliqué le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, Jason Kenney, le seul conservateur à avoir accepté de répondre aux questions sur le sujet. La ministre responsable de la Condition féminine, Rona Ambrose, s'est faite discrète depuis deux jours.

M. Kenney a plaidé que ce n'est pas parce qu'un organisme a reçu du financement dans le passé qu'il est garanti qu'il pourra en recevoir à l'avenir. C'est une question de processus et de mérite, a argué le ministre.

«Ce n'est pas une évaluation selon les principes politiques», a-t-il soutenu, tout en reconnaissant qu'il ne connaissait pas les détails quant aux coupes qui ont été imposées par Condition féminine. Mais son ministère, lui, finance des organismes qui ont critiqué le gouvernement, a-t-il fait valoir, sans toutefois pouvoir en nommer précisément.

Les libéraux ont également dénoncé «l'agenda idéologique» de Stephen Harper qu'il tente d'imposer depuis son arrivée au pouvoir, il y a quatre ans. Les libérales Marlene Jennings et Raymonde Folco ont d'ailleurs toutes deux rappelé les coupes effectuées auprès des groupes de femmes dès l'accession de M. Harper au gouvernement.

«Ses premières actions étaient contre les femmes. En tant que femme je vois nos acquis reculer sous ce gouvernement, et ça me désole profondément, ça me dérange, et je pense que j'ai un devoir comme toutes les femmes de lutter contre ça», a affirmé Mme Jennings.

Le Parti libéral, qui faisait circuler une liste de 14 organismes mardi, affirme maintenant en compter jusqu'à 17 qui ont subi le même sort et reçu la mauvaise nouvelle au cours des 10 derniers jours. A travers le gouvernement, que ce soit sous l'Agence canadienne de développement international ou au ministère des Ressources humaines, il s'agirait de 24 groupes qui se sont faits couper les vivres depuis quelques mois.