Rahim Jaffer et son associé Patrick Glémaud ont multiplié les contacts avec des membres du gouvernement au cours de la dernière année - dont certains en utilisant une adresse courriel du bureau d'Helena Guergis alors qu'elle était ministre -, montrent des documents remis à la commissaire au lobbying du Canada et que La Presse a obtenus.

Ces documents révèlent l'existence de plusieurs communications avec des membres des bureaux de ministres ou des fonctionnaires de ministères ou d'organismes fédéraux qui avaient jusqu'ici été épargnés dans cette controverse, dont le bureau de la ministre des Travaux publics, celui de la ministre d'État responsable des Aînés et l'agence de la Diversification de l'économie de l'Ouest Canada.

 

Ces informations viennent encore une fois contredire les affirmations de l'ancien député conservateur et de son associé Patrick Glémaud, qui prétendent que leur entreprise n'a pas fait de lobbyisme auprès du gouvernement fédéral et qu'ils ne devaient par conséquent pas s'enregistrer au registre. Les deux hommes et leur firme, Green Power Generation, font vraisemblablement l'objet d'une enquête par la commissaire à la suite d'une plainte du Parti libéral.

L'un des échanges de courriels obtenus par La Presse en fin de journée hier montre que l'intervention du bureau de l'ancien ministre des Travaux publics, Christian Paradis, pour la tenue d'une rencontre vers le début de l'automne 2009 entre des fonctionnaires et Patrick Glémaud sur la possibilité de poser des panneaux solaires sur le toit d'immeubles gouvernementaux a créé un véritable branle-bas de combat dans la fonction publique. Les courriels à priorité élevée se sont multipliés pendant plusieurs semaines. La demande provenait apparemment de Sébastien Toregni, qui était directeur des affaires parlementaires du ministre Paradis à l'époque.

Dans une lettre envoyée mardi à la commissaire au lobbying, l'actuelle ministre des Travaux publics, Rona Ambrose, a écrit: «À la suite d'une demande de Rahim Jaffer en août 2009, une rencontre a été organisée par le ministère pour discuter d'une proposition.» La rencontre a finalement eu lieu en octobre et Patrick Glémaud y a assisté. On ignore le sort de cette proposition.

Un autre échange de courriels montre qu'en juin 2009, M. Jaffer a pris contact avec le sous-ministre adjoint de l'agence de la Diversification de l'économie de l'Ouest Canada, Doug Maley, pour tenter d'obtenir une subvention de 700 000$ pour un projet dans lequel était impliquée RLP Energy inc, une entreprise avec laquelle il confirme travailler. Le financement lui a été refusé, malgré le fait que M. Maley ait demandé d'étudier la proposition sur une base «prioritaire».

Courriels au nom d'Helena Guergis

Bizarrement, tous les courriels envoyés de l'adresse courriel personnelle de M. Jaffer affichent le nom «Helena Guergis».

Plusieurs échanges dans lesquels les courriels sont signés «Rahim» émanent toutefois d'une adresse intitulée Helena Guergis - Assistant 2. C'est le cas d'un message envoyé le 26 août 2009 au secrétaire parlementaire du ministre des Transports et des Infrastructures, Brian Jean, et dans lequel M. Jaffer lui demande le statut de l'évaluation d'un projet de panneaux solaires qu'il lui a soumis pour obtenir une subvention gouvernementale.

Dans un échange avec une proche conseillère de la ministre responsable des Aînés, le 1er septembre dernier et dans lequel il réclame une rencontre avec la ministre pour l'un de ses proches, M. Jaffer a écrit: «Rob a été assez gentil pour nous aider avant la gestion malheureuse de la situation par le bureau du premier ministre.» On ignore ce à quoi il fait référence.

Devant une telle utilisation des ressources gouvernementales, la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, Mary Dawson, a envoyé il y a 10 jours au moins une partie du dossier au président de la Chambre des communes, Peter Milliken, pour qu'il charge à son tour l'un de ses comités d'étudier la question.