Les systèmes informatiques du gouvernement sont si vieux que les pannes risquent de se multiplier, et pourraient gêner le fonctionnement d'importants programmes et services aux citoyens, met en garde la vérificatrice générale, Sheila Fraser.

Dans son plus récent rapport, déposé mardi à la Chambre des communes, Mme Fraser note un risque important lié au vieillissement des systèmes de technologie de l'information (TI) utilisé par Ottawa.

«Pour l'instant, les systèmes fonctionnent, mais une panne pourrait avoir de graves conséquences, explique-t-elle. Dans le pire des cas, le gouvernement pourrait ne plus pouvoir fournir certains programmes et services aux Canadiens.»

C'est le cas, notamment, de la distribution des prestations d'assurance-emploi, ou encore de l'établissement des cotisations à l'impôt sur le revenu, qui pourraient bientôt être «perturbés», selon la vérificatrice générale.

Depuis 2007, Revenu Canada a placé la modernisation du système d'administration des déclarations d'impôts au rang de priorité, jugeant qu'il s'agit d'un investissement «essentiel» à faire, compte tenu du «risque important». Mais le financement manque, explique Mme Fraser.

L'Agence de revenu évalue à 1,24 milliard de dollars le coût des investissements à faire au cours des 10 prochaines années, mais ne dispose actuellement que de 410 millions pour moderniser un système qui a été mis en place dans les années 1970.

«La haute direction de l'Agence a établi que le fait de ne pas procéder à ces investissements critiques pour remplacer les systèmes de TI vieillissants poserait un risque inacceptable pour la continuité des activités de l'Agence», note le rapport.

Déjà, en mars 2007, un problème informatique avait retardé de plusieurs jours le traitement des rapports d'impôts.

En 2008-2009, Revenu Canada a traité plus de 27 millions de déclarations de revenus et de prestations, dont 56 % avaient été transmises par internet.

Assurance-emploi

Le manque de financement est aussi invoqué lorsque vient le temps de moderniser les systèmes informatiques du ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences, responsable, entre autres, de l'administration du programme d'assurance-emploi.

En outre, «la hausse de la demande pour les services ministériels», attribuable au récent ralentissement économique et les technologies existantes «qui approchent de la fin de leur vie utile» créent une pression trop grande sur le système. «Le ministère admet qu'il est fort probable que son infrastructure des TI ne pourra pas soutenir l'exécution de ses programmes de base, par exemple l'assurance-emploi», prévient le rapport.

Plus de 24 applications (dont des systèmes datant des années 1980), sont utilisées pour traiter une demande de prestation d'assurance-emploi, de la réception jusqu'au paiement. En 2008-2009, 3,1 millions de demandes ont été traitées, 24 millions d'opérations de paiement effectuées, pour des prestations totales de 16,3 milliards de dollars.

«Le renouvellement et la modernisation des systèmes de TI peuvent prendre des années et ils exigent des investissements considérables qui doivent être planifiés et budgétés à long terme», a souligné la vérificatrice générale, déplorant que le Conseil du Trésor, sachant les risques encourus, n'ait pas développé une stratégie pour l'ensemble du gouvernement.

«Si certains de ces systèmes tombent en panne, l'impact pourrait être dramatique pour les citoyens, a conclu Mme Fraser, en conférence de presse. De nombreux Canadiens sont dépendants de ces systèmes pour leur unique source de revenus.»