Le premier ministre Stephen Harper a suscité des réactions mitigées après avoir déploré le fait que Karla Homolka sera admissible à une demande de pardon plus tard cette année.

Le premier ministre a utilisé ce cas précis comme un exemple des frustrations qu'il a ressenties au cours des dernières semaines face au système judiciaire canadien.

Selon M. Harper, la nouvelle selon laquelle le tueur en série Clifford Olson touchait des prestations gouvernementales en prison a été amplifiée par les révélations de La Presse Canadienne selon lesquelles Graham James, un ancien entraîneur de hockey junior, ait obtenu un pardon malgré ses aveux de culpabilité à des accusations à caractère sexuel.

Homolka, qui a été déclarée coupable d'homicide involontaire et qui a passé 12 ans derrière les barreaux après l'atroce mort de deux adolescentes en 1990, est également admissible au pardon via un système qui répond favorablement aux désirs de «99 pour cent» des requérants, a affirmé M. Harper.

«Pendant de nombreuses années, la grande majorité des Canadiens considéraient cette situation comme très offensante. Aujourd'hui, ils la qualifient de tout à fait inacceptable», a déclaré le premier ministre, lors d'une conférence sur les droits des victimes.

«Cependant, pour l'instant, la loi demeure, a ajouté M. Harper. Et la loi permettra à Karla Homolka de présenter une demande de pardon cette année.»

M. Harper a demandé au ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, de présenter de nouvelles mesures afin de resserrer les critères relatifs au système de pardons.

«C'est une bonne chose que le premier ministre ait soulevé la question», a noté l'avocat torontois Tim Danson, qui représente les familles de Kristen French et Leslie Mahaffy, les deux victimes dans l'affaire Homolka.

Mais ce n'est pas parce que Homolka ne mérite pas de bénéficier d'un pardon, fait par ailleurs remarquer Me Danson, que d'autres criminels devraient être privés de ce privilège.

Certains criminels méritent une deuxième chance de postuler pour un emploi sans devoir vivre sous le joug d'une condamnation, a-t-il souligné. Si on ne leur permet pas de devenir de productifs membres de la société, ajoute Me Danson, ils pourraient poser de nouveaux actes criminels.

«Les pardons ont une importante valeur sociale», a déclaré Me Danson, tout en se disant estomaqué de savoir qu'«une personne comme Karla Homolka puisse être admissible à une demande de pardon».

Cependant, il n'existe aucune garantie à l'effet que Homolka se voit accorder un pardon même si elle en faisait la requête, rappelle Kim Pate, directrice générale de l'Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry.

«Ca ressemble à une autre désolante tentative d'enflammer, plutôt que d'informer le public», a rétorqué Mme Pate, dont l'organisation a pour objectif de faciliter la réinsertion dans la société des femmes ayant commis des actes criminels.

«C'est vrai que seulement quatre pour cent des pardons ont été révoqués, mais ça devrait réconforter les Canadiens, et non les effrayer. Cela signifie que ceux qui demandent et se voient octroyés un pardon sont, en général, des gens ayant appris de leurs actions et choisi de vivre dans le respect des lois.»