Le NPD a formellement demandé à la commissaire à l'éthique, Mary Dawson, d'ouvrir une enquête sur les agissements de l'ancienne ministre d'État à la Condition féminine Helena Guergis, congédiée du cabinet et expulsée du caucus conservateur par le premier ministre Stephen Harper la semaine dernière.

Le NPD a décidé de réclamer cette enquête après que le Toronto Star eut révélé hier que Mme Guergis a écrit, l'automne dernier, une lettre en faveur d'une entreprise avec laquelle son mari, Rahim Jaffer, voulait faire affaire. Cette lettre a été rédigée sur du papier portant l'entête de son bureau de députée et a été envoyée à son cousin, Tony Guergis, conseiller municipal dans la localité de Simcoe, en Ontario.

L'entreprise qui a obtenu l'appui de Mme Guergis, Wright Tech Systems, se spécialise dans la transformation des déchets organiques en biodiesel et tentait de vendre ses services à la localité de Simcoe.

Mme Guergis s'est toujours défendue jusqu'ici d'avoir utilisé son poste d'élue pour venir en aide à M. Jaffer. Le code d'éthique régissant la conduite des ministres et des députés leur interdit d'intervenir auprès de personnes ou d'organisations pour favoriser les intérêts de leurs proches ou de leurs amis.

C'est la leader adjointe du NPD, Libby Davies, qui a demandé à Mme Dawson d'ouvrir une enquête. Le bureau de la commissaire a confirmé hier après-midi avoir reçu la demande de Mme Davies, mais il refuse de confirmer l'ouverture d'une enquête.

«La commissaire continue de suivre l'évolution des allégations concernant Mme Guergis et se penche sur les démarches à suivre. Elle ne peut commenter publiquement les démarches qu'elle envisage», affirme-t-on dans un communiqué de presse publié en fin de journée.

La semaine dernière, M. Harper a décidé de montrer la porte de sortie à Mme Guergis après que des allégations sérieuses et crédibles eurent été portées à son attention par une tierce partie. M. Harper a confié ces allégations à la Gendarmerie royale du Canada, mais il a refusé de les rendre publiques.

Jeudi, le Toronto Star a révélé que cette tierce partie est le détective privé Derek Snowdy, qui enquêtait depuis au moins 18 mois sur Nazim Gillani, homme de Toronto avec qui M. Jaffer voulait faire des affaires et qui doit répondre à des accusations de fraude.

Cocaïne et prostituées

Dans une entrevue au Toronto Star, M. Snowdy a soutenu avoir été informé par M. Gillani que Mme Guergis aurait participé à une soirée festive au cours de laquelle de la cocaïne aurait été consommée et où des prostituées de luxe se trouvaient. M. Snowdy a aussi dit avoir été informé par M. Gillani que Mme Guergis et M. Jaffer auraient formé trois sociétés à numéros au Belize, reconnu comme un paradis fiscal, dans le but d'éviter de payer leur dû au fisc.

Aux Communes, hier, les trois partis de l'opposition ont utilisé les nouvelles révélations du Toronto Star pour exiger des réponses aux nombreuses questions que soulève cette affaire. Mais le gouvernement Harper s'est de nouveau contenté d'affirmer que le dossier a été remis à la GRC.