Pour la sixième journée consécutive, hier, le mutisme de Stephen Harper sur les raisons qui l'ont poussé à expulser Helena Guergis de son caucus a donné lieu à une avalanche de théories et de spéculations sur la colline parlementaire.

Mardi soir, le réseau CTV a rapporté que les «allégations sérieuses» qu'a invoquées vendredi dernier Stephen Harper pour accepter la démission de sa ministre avaient été transmises par un détective privé à un avocat du Parti conservateur et qu'elles impliquaient des risques de chantage lié à l'achat de drogue. CTV n'a pas précisé qui avait acheté la drogue en question.

 

Le gouvernement n'a pas confirmé ces informations et Helena Guergis, dans l'une de ses premières déclarations depuis vendredi dernier, les a niées, affirmant qu'il s'agissait d'un bon exemple d'une rumeur qui s'emballe.

«J'ai l'intention de me défendre jusqu'au bout pour rétablir les faits», a-t-elle déclaré dans un courriel envoyé à La Presse Canadienne. Mme Guergis a retenu les services d'Howard Rubel, avocat qui a représenté son mari Rahim Jaffer dans la cause de conduite avec facultés affaiblies et possession de cocaïne qui s'est soldée il y a quelques semaines par un plaidoyer de culpabilité sur la seule accusation de conduite dangereuse.

Lobbyisme

Depuis mardi soir, également, des informations font surface à propos de contacts entre Rahim Jaffer et des députés conservateurs au sujet d'un fonds gouvernemental pour l'infrastructure verte.

Mardi, c'est le secrétaire parlementaire du ministre des Transports et des Infrastructures, Brian Jean, qui a admis avoir rencontré M. Jaffer et son partenaire d'affaires, qui lui ont présenté trois projets susceptibles d'être financés par le fonds vert - financement qu'ils n'ont pas obtenu.

Hier, c'était au tour du ministre de l'Environnement, Jim Prentice, de confirmer que l'ancien député conservateur l'avait abordé dans les couloirs du parlement pour lui parler du fonds vert. M. Prentice a affirmé qu'il lui avait répondu qu'il n'était pas responsable de ce fonds et que la conversation n'avait duré que 30 secondes.

Député conservateur défait lors des dernières élections, Rahim Jaffer est aujourd'hui associé dans la petite firme de consultants d'Ottawa Green Power Generation. Il n'est pas enregistré comme lobbyiste. Il y a quelques jours, le Parti libéral a demandé au commissaire fédéral du lobbyisme de se pencher sur son dossier. On ignore l'état de l'enquête.

La «conduite» de Guergis

Pendant ce temps, le premier ministre Stephen Harper s'est contenté hier de préciser que les «allégations sérieuses» qui l'ont poussé à éloigner Mme Guergis de son entourage et de confier le dossier à la GRC visaient la «conduite» de son ex-ministre responsable de la Condition féminine.

Questionné en point de presse pour savoir si, après les accusations criminelles portées contre Rahim Jaffer en septembre, il avait fait enquête auprès de ses ministres et d'Helena Guergis pour déterminer si la consommation de drogue était un problème répandu dans son gouvernement, il a marché sur des oeufs.

«Je ne fais pas d'allégations précises, a-t-il dit. La question suggère qu'étant donné que M. Jaffer a été accusé, je fais des accusations contre la ministre.»

«Comme je l'ai dit, j'ai reçu de l'information qui contenait des allégations sérieuses contre la ministre, le comportement de la ministre, c'est pourquoi la ministre a démissionné et que cette information a été donnée aux autorités», a répété M. Harper.

«Auparavant, je n'avais aucune information pour suggérer quoi que ce soit de ce genre», a-t-il ajouté.