Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff fait volte-face et met maintenant le gouvernement Charest en garde contre l'idée d'instaurer un ticket modérateur dans le domaine des soins de santé.

Une telle mesure contreviendrait à l'esprit et la lettre de la Loi canadienne sur la santé, qui garantie l'universalité et l'accessibilité des soins de santé aux Canadiens, a soutenu ce midi le chef libéral à l'issue d'une réunion de son caucus.

Ce faisant, M. Ignatieff est revenu sur ses propos tenus il y a deux semaines quelques heures après le dépôt du budget controversé du ministre des Fiances du Québec Raymond Bachand.

Dans son dernier budget, M. Bachand a imposé une nouvelle taxe pour financer les soins de santé. Cette taxe sera de 25$ pour chaque adulte à partir du 1er juillet et elle atteindra 200$ par année à partir de 2012. Les contribuables paieront cette taxe au moment de remplir leurs formulaires d'impôts.

En outre, le gouvernement Charest a annoncé son intention d'instaurer une cotisation santé calculée en fonction du nombre de visites médicales faites pendant l'année. Cette franchise pourrait s'élever à 25$ par visite médicale. Le gouvernement a toutefois promis de tenir des consultations à ce sujet.

Ces mesures ont soulevé une avalanche de réactions négatives au Québec.

«Nous sommes tous conscients que le gouvernement du Québec les autres provinces affrontent des défis importants au chapitre du financement du système de santé. Ils ont proposé une contribution. C'est dans la compétence des provinces. Mais s'ils procèdent avec un ticket modérateur ou une franchise, nous croyons que fermement que ce serait contraire à la Loi canadienne sur la santé», a dit M. Ignatieff.

«Pour nous, l'accès aux soins de santé, c'est l'épine dorsale de la citoyenneté canadienne. Il faut l'affirmer et je crois que M. Harper a le devoir comme premier ministre de dire cela de façon claire aussi», a ajouté le chef libéral.

Historiquement, le Parti libéral s'est toujours fait un devoir de défendre bec et ongles la Loi canadienne sur la santé, adoptée par l'ancien gouvernement libéral de Pierre Trudeau. Le gouvernement libéral de Jean Chrétien avait même menacé de couper des paiements de transferts à l'Alberta si le gouvernement conservateur de Ralph Klein ne revenait pas sur sa décision d'imposer un ticket modérateur dans les années 1990.

Il y a deux semaines, M. Ignatieff avait affirmé que les mesures contenues dans le budget du gouvernement Charest étaient conformes à la Loi canadienne sur la santé. M. Ignatieff a tenu à rectifier le tir aujourd'hui à l'issue d'une réunion de son caucus.

Le chef libéral a indiqué son intention de communiquer ses réserves au premier ministre Jean Charest.

La décision du gouvernement du Québec est lourde de conséquence pour Ottawa en ce qu'elle pourrait convaincre d'autres provinces aux prises avec des déficits imposants d'emprunter la même voie. Si tel est le cas, un débat national sur le financement adéquat des soins de santé mettant en cause le principe de l'universalité et de la gratuité du régime risque d'éclater.