Le premier ministre Stephen Harper a personnellement approuvé l'escale prévue de Mouammar Kadhafi à Terre-Neuve-et-Labrador l'automne dernier, selon un document.

Le feu vert a été donné même si le gouvernement fédéral avait critiqué le dirigeant libyen pour son appui à une personne condamnée pour terrorisme.

Mouammar Kadhafi a finalement annulé son arrêt prévu à Saint-Jean, après que le bureau du premier ministre eut indiqué que le Canada entendait manifester son insatisfaction pour l'accueil réservé en Libye à un homme reconnu coupable pour l'attentat de Lockerbie. Cette attaque avait fait 270 morts, dont trois Canadiens.

Des courriels internes obtenus par La Presse Canadienne révèlent que le premier ministre Harper a lui-même donné son accord pour l'escale de M. Kadhafi.

Un responsable du ministère des Affaires étrangères a indiqué à des collègues que l'accord de la visite a été donné plus d'une semaine avant l'arrivée prévue du dirigeant libyen.

«Le premier ministre a approuvé cette visite la semaine dernière alors qu'il se trouvait à (l'ambassade du Canada à Washington) durant une conversation téléphonique avec le bureau du premier ministre», peut-on lire dans un courriel datant du 21 septembre.

«Ce qui a été approuvé est une «escale d'ordre technique pour un chef d'Etat.»

La Presse Canadienne a obtenu copie des courriels et d'autres documents en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Après avoir été interrogé à propos du courriel, Dimitri Soudas, un porte-parole de Stephen Harper, a diffusé en ligne un communiqué.

«Le gouvernement du Canada avait déclaré à l'époque que le dirigeant libyen allait effectuer une escale à Terre-Neuve», a-t-il rappelé.

Après l'annonce de l'escale de M. Kadhafi, M. Soudas avait joint sa voix à celle de personnes de partout dans le monde critiquant le chef libyen pour avoir organisé une fête soulignant le retour au pays d'Abdel Baset al-Megrahi.

Ce dernier avait été libéré en août d'une prison en Ecosse après avoir été diagnostiqué pour un cancer de la prostate en phase terminale.

M. Soudas avait alors également dit que Stephen Harper avait l'intention de dépêcher son ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, à Terre-Neuve pour réprimander M. Kadhafi.

Un autre courriel indique toutefois que les préparatifs en vue de cette rencontre se butaient à un problème.

L'agent de la Gendarmerie royale du Canada à Terre-Neuve-et-Labrador en charge de la coordination de la sécurité lors de visites de dignitaires a été mis au courant que le lieu de rencontre prévu, soit l'aire d'attente de l'aérogare de l'aéroport de Saint-Jean, n'était pas un choix indiqué.