Le gouvernement fédéral a annoncé lundi qu'il comptait augmenter d'environ 20% le nombre de réfugiés qu'accueille le Canada chaque année et qui ont été présélectionnés par les Nations unies.

Bien qu'elle ait été accueillie favorablement, cette annonce a tout de même éveillé certaines appréhensions du côté des partis de l'opposition et des groupes de défense des réfugiés, qui craignent qu'elle ne serve qu'à atténuer l'impact de la réforme du système de demande d'asile, qui sera présentée ce matin par le ministre de l'Immigration et qui pourrait s'avérer moins populaire.À l'heure actuelle, le Canada admet chaque année entre 10 000 et 12 000 réfugiés qui vivaient dans des camps ou des bidonvilles. Il souhaite augmenter ce nombre de 2500. Pour y parvenir, le gouvernement Harper souhaite notamment faire passer de 45 à 54 millions de dollars le Programme d'aide au rétablissement, qui fournit des ressources aux nouveaux arrivants pour les aider à s'installer.

«Cette augmentation du nombre de réfugiés commencera dès que le Parlement aura approuvé le projet de loi visant à améliorer le système d'octroi de l'asile au Canada qui sera déposé demain», a-t-on déclaré dans le communiqué de presse distribué lundi par le ministère de l'Immigration.

Une forme de chantage

Janet Dench, directrice du Conseil canadien pour les réfugiés, voit dans la stratégie du gouvernement une forme de chantage. «On demande au gouvernement depuis longtemps d'augmenter le nombre de réfugiés sélectionnés à l'étranger, mais on rejette complètement l'idée de lier cette augmentation à la fermeture des portes pour les réfugiés qui demandent l'asile au Canada», a-t-elle tranché.

Selon l'information qui circule sur le projet de loi, son contenu risque en effet de ne pas faire l'unanimité. Notamment, le Canada pourrait dresser une liste de pays dits «sûrs» et de pays «risqués» et traiter les demandes d'asile de leurs ressortissants en conséquence, ce qui a déjà été dénoncé par plusieurs. Pour justifier cette réforme, le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a cité lundi l'exemple de la Hongrie, d'où proviennent, a-t-il dit, un nombre important de demandes frauduleuses faites dans le but de frauder l'aide sociale au profit du crime organisé. «Notre système est victime d'abus à grande échelle», a-t-il dit lundi.