Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a durci le ton, mardi, à l'endroit d'Israël, et condamne désormais son plan controversé d'étendre ses colonies juives à Jérusalem-Est.

C'est la première fois qu'un ministre conservateur emploie un langage aussi ferme vis-à-vis de l'État hébreu. Le gouvernement Harper a d'ailleurs souvent été accusé dans le passé, notamment par des groupes de Canadiens d'origine arabe ou musulmane, de pencher un peu trop en faveur d'Israël dans sa politique relative au Proche-Orient.

Mais M. Cannon semble désormais adopter la même ligne dure que les États-Unis à la suite de l'annonce, la semaine dernière, de la volonté d'Israël de construire 1600 nouveaux logements sur un territoire qui est revendiqué par les Palestiniens.

La semaine dernière, M. Cannon avait transmis un communiqué de presse prudent, dans lequel il exprimait à la fois son «regret» et son «inquiétude» relativement à ce nouveau plan d'expansion des colonies juives. Il avait d'ailleurs qualifié ce projet d'«obstacle» au retour de la paix au Moyen-Orient.

Mais lors d'un témoignage devant le comité des Affaires étrangères de la Chambre des communes, Lawrence Cannon a employé un langage plus ferme.

«Nous croyons fermement en deux États souverains vivant côte à côte en harmonie. C'est la position que le gouvernement du Canada a mis de l'avant», a dit M. Cannon.

«Au sujet de l'expansion à Jérusalem-Est, nous sommes d'avis que cela est contraire à la loi internationale et par conséquent, nous la condamnons. Nous sommes très préoccupés par ce qui se dessine», a poursuivi le ministre.

Ce plan d'expansion d'Israël a par ailleurs éclipsé la visite du vice-président américain Joe Biden dans l'État hébreu la semaine dernière, et a entaché les relations entre Washington et Jérusalem.

Contrairement à la sortie timide du Canada la semaine dernière, l'administration de Barack Obama n'a pas perdu une minute avant de critiquer vertement les colonies juives et de condamner le plan d'Israël.

Le ministre a par ailleurs indiqué que le sujet du conflit israélo-palestinien serait à l'ordre du jour lorsqu'il rencontrera ses homologues du G8 dans deux semaines près d'Ottawa. Il a également dit au comité que le premier ministre Stephen Harper avait téléphoné à son homologue israélien, Benjamin Nétanyahou.

À la demande du porte-parole libéral en matière d'affaires étrangères, Bob Rae, M. Harper a d'ailleurs relaté des éléments de sa discussion avec M. Nétanyahou. M. Rae a souligné le fait que le premier ministre et son ministre des Affaires étrangères ne semblaient pas employer le même langage dans ce dossier.

Le bureau du Lawrence Cannon a d'ailleurs tenté, plus tard dans la journée de mardi, de minimiser la portée des propos tenus par le ministre au cours de la journée.

La porte-parole Catherine Loubier a tenu à préciser, dans une déclaration envoyée par courriel, que ce qu'avait dit le ministre Cannon en comité ne représentait pas une escalade du langage diplomatique et que la position du ministère des Affaires étrangères n'avait pas changée.

«Nous avons exprimé nos inquiétudes à l'égard du plan d'expansion des colonies juives d'Israël et nous encourageons les Israéliens et les Palestiniens à aller de l'avant avec des pourparlers de paix informels», a renchéri Mme Loubier.