Ayant atteint les 30 signatures requises le 16 février, la Convention sur les armes à sous-munitions, catégorie de bombes qui fait des ravages chez les civils, entrera en vigueur le 1er août prochain. Mais le Canada se fait tirer l'oreille dans ce dossier.

Car si le pays a signé la convention, le 3 décembre 2008 à Oslo, il ne l'a toujours pas ratifiée. Ce qui attriste l'organisme montréalais Handicap international.

 

«Il est important que le Canada ratifie ce traité sans tarder et puisse s'engager de manière claire et sans ambiguïté en matière de financement», lance Claire Fehrenbach, directrice de l'organisme.

L'intervention de Handicap international survient dans le cadre de la Semaine canadienne d'action contre les mines, qui se termine aujourd'hui.

Les bombes à sous-munitions sont des engins largués qui, en s'approchant du sol, s'éventrent et dispersent des dizaines de petites bombes dans un périmètre de quelques dizaines de mètres.

«De 5 à 30% des ces bombes n'explosent pas, dit Mme Fehrenbach. Elles s'éparpillent et peuvent demeurer actives durant des décennies.»

Ces engins explosifs constituent alors une grande menace pour les civils, particulièrement les enfants qui risquent de les confondre avec des jouets. En mai 2007, Handicap international avait recensé 13 306 victimes - dont 98% de civils - de bombes à sous-munitions dans 25 pays.

L'organisme soutient enfin que 4 millions de ces bombes ont été dispersées sur le territoire libanais au cours de l'offensive israélienne à l'été 2006, et que le quart d'entre elles n'ont pas explosé.

La France, le Mexique, l'Allemagne et le Japon font partie des pays qui ont ratifié l'entente. Mais de grandes puissances militaires, dont les États-Unis, la Chine et la Russie, ont refusé de signer le traité.

Les États signataires du traité s'engagent à ne pas utiliser, fabriquer, faire le commerce ou stocker de telles munitions. Mais ils s'engagent aussi à aider les victimes et leur entourage et aider les États pauvres à se conformer aux dispositions du traité.

Signataire, le Canada s'est engagé à détruire les stocks qu'il possédait et à apporter une aide financière par l'entremise de son Fonds pour la paix et la sécurité mondiales.

En fin de journée vendredi, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à La Presse que le Canada s'apprêtait à ratifier l'entente. «Les fonctionnaires mettent actuellement la dernière main à la documentation nécessaire pour que le gouvernement puisse envisager de faire ratifier cette convention bientôt», a indiqué Lisa Monette dans un courriel.

Elle a aussi ajouté que le pays a consacré 300 millions de dollars dans un fonds destiné à faire échec aux mines antipersonnel depuis la signature de la Convention d'Ottawa, qui célèbre ses 11 ans aujourd'hui.

Mais chez Handicap international, on déplore que ce fonds ait été fermé en 2008, ce qui prive l'organisme de précieux subsides pour la réalisation de projets sur le terrain. Là-dessus, les Affaires étrangères répliquent que l'Agence canadienne de développement international (ACDI) a intégré diverses activités antimines dans des programmes et budgets déjà existants. Le total de ces efforts n'a cependant pas été chiffré.