La décision du gouvernement fédéral de ne pas demander le rapatriement d'Omar Khadr et de faire le «strict minimum» pour protéger les droits du prisonnier canadien à Guantánamo est «regrettable», voire «honteuse», selon les partis de l'opposition à Ottawa.

Mardi, en soirée, le ministre de la Justice, Rob Nicholson, a fait connaître la réponse officielle du gouvernement au jugement de la Cour suprême du 29 janvier dernier, qui sommait Ottawa d'offrir réparation au jeune prisonnier détenu à Guantánamo, pour la violation de ses droits fondamentaux.

En 2003 et 2004, des fonctionnaires et agents fédéraux ont interrogé M. Khadr alors qu'il avait été privé systématiquement de sommeil, puis ont transmis aux autorités américaines les informations ainsi recueillies.

La Cour suprême a jugé le gouvernement responsable de cette violation des droits du ressortissant, mais a laissé Ottawa choisir de quelle façon il allait réparer les torts causés.

Plutôt que de rapatrier Omar Khadr au pays, comme le réclament ses avocats, les groupes de défense des droits et l'opposition, le gouvernement a jugé qu'il n'avait qu'à demander aux Américains de ne pas utiliser l'information fournie à l'issue des interrogatoires de 2003 et 2004 contre M. Khadr dans le cadre des procédures de la commission militaire, qui devraient débuter en juillet. Une note diplomatique à cet effet a été envoyée au gouvernement américain mardi, a expliqué le ministre Nicholson dans un communiqué.

«C'est honteux. C'est une gifle au visage de la Cour suprême et au concept de défense des droits de la personne, a estimé le chef du NPD, Jack Layton. C'est épouvantable de voir que notre gouvernement n'a fait dans ce dossier aucun effort pour assurer que les droits de M. Khadr soient respectés comme précisé dans notre Charte des droits de la personne.»

Enfant soldat

Selon le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, les conservateurs de Stephen Harper ont répondu au jugement du plus haut tribunal du pays par «le strict minimum».

«On regrette la décision du gouvernement Harper. Dans la note diplomatique, ils n'ont même pas mentionné que c'était un enfant soldat», a dit M. Ignatieff. Omar Khadr n'avait que 15 ans lorsqu'il a été arrêté en Afghanistan, en 2002. Accusé du meurtre d'un soldat américain, le prisonnier canadien croupit à Guantánamo depuis sept ans, sans procès. Il est le dernier ressortissant occidental dans le tristement célèbre centre de détention, les autres ayant tous été rapatriés dans leur pays d'origine.

Nathan Whitling, avocat du jeune prisonnier, s'est dit «choqué» par la réponse gouvernementale, surtout après avoir essuyé un refus des autorités canadiennes d'entendre sa version des faits avant de rendre leur décision.

Les avocats de M. Khadr ont intenté un recours en Cour fédérale pour casser la décision du gouvernement.