Le ministre de la Justice, Rob Nicholson, a annoncé mardi que le Canada avait demandé aux Etats-Unis de ne pas utiliser contre Omar Khadr les renseignements recueillis lors d'interrogatoires menés auprès du détenu par des mandataires ou des fonctionnaires canadiens.

En réponse au récent jugement de la Cour suprême du Canada, M. Nicholson a indiqué que Ottawa avait remis une note diplomatique à Washington afin de s'assurer que les éléments de preuve ou les déclarations soutirés au jeune Khadr en 2003 et en 2004 par les autorités canadiennes dans des conditions inappropriées ne seraient pas utilisées contre lui devant la Commission militaire ou ailleurs.

Il a également rappelé que les accusations qui pesaient contre Khadr étaient graves, mais que le gouvernement canadien continuait à lui fournir des services consulaires.

Nathan Whitling, l'un des avocats d'Omar Khadr, s'est dit choqué que Ottawa ait pris sa décision sans permettre à l'équipe juridique du jeune homme d'exprimer son opinion sur la manière d'interpréter le jugement de la Cour suprême. Selon M. Whitling, les avocats du détenu avaient pourtant expressément demandé au gouvernement de leur donner la possibilité d'expliquer leur point de vue.

En janvier dernier, le plus haut tribunal du pays avait confirmé que les droits constitutionnels du Torontois Omar Khadr avaient été violés. Il n'avait toutefois pas ordonné au gouvernement fédéral de rapatrier le jeune homme, lui laissant le choix des actions à entreprendre pour corriger la situation.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, avait alors affirmé qu'il n'y aurait pas de changement de cap dans le dossier du présumé terroriste détenu depuis près de huit ans à Guantanamo, à Cuba, et que son rapatriement n'était pas à l'ordre du jour.

Arrêté en Afghanistan quand il avait 15 ans, Omar Khadr est notamment accusé d'avoir tué un soldat américain à l'aide d'une grenade.